
Aujourd’hui, s’ouvre le 53e Salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget à un moment où le transport aérien est plus que jamais critiqué. En attendant des ruptures technologiques qui permettront de réduire l’impact de l’aviation sur l’environnement, constructeurs et compagnies aériennes s’organisent. C’est le cas d’ATR Aircraft et Braathens Regional Airlines (BRA) qui viennent de démontrer la faisabilité d’une réduction significative des émissions de CO2.
Dans un contexte de défiance du transport aérien, en raison de cet impact négatif sur l’environnement, auquel s’ajoute le phénomène dit de « honte de prendre l’avion », pour l’instant cantonné à l’Europe du Nord mais qui tend à se développer chez un nombre croissant de consommateurs, les compagnies aériennes, soucieuses de réduire leur empreinte écologique, s’adaptent. Elles changent leurs anciens modèles d’avions par des modèles plus économes en carburant et mettent en place des programmes de réduction de masse de leurs avions en service. Elles se tournent aussi davantage vers les biocarburants.
On peut aussi noter l’initiative de la compagnie suédoise Braathens Regional Airlines (BRA) et le constructeur ATR qui ont « effectué récemment le premier vol régional pensé de bout en bout pour réduire au maximum les émissions de carbone, et ainsi baptisé "The Perfect Flight" (le vol parfait) », nous explique Solène Flahault, responsable relations publiques et environnement d’ATR. Ce vol commercial, avec 72 personnes à bord, a décollé de l’aéroport de Halmstad au sud-ouest de la Suède et atterri à Stockholm-Bromma, une heure dix minutes plus tard.
L’idée de ce vol d’un ATR 72-600, a été de démontrer qu’en « faisant travailler ensemble tous les acteurs du transport aérien (compagnies aériennes, aéroports, filière carburant) » et en utilisant des technologies existantes, il « est possible de diminuer les émissions de CO2 dans le transport aérien ».
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Ensuite, le carburant n’était pas uniquement du kérosène mais un « biocarburant produit par la firme Neste et fourni par Air BP ». Il s’agissait d’un mélange de 50 % de carburant classique et de 50 % de carburant alternatif. Dans ce cas précis, d’après Neste, le producteur, il « s’agissait d’huile de friture usagée et de résidus de graisse animale ». Pas d’huile de palme, rien de comestible, uniquement des résidus renouvelables. Ce carburant alternatif a été produit et mélangé sur le site de Neste en Finlande et peut « produire jusqu’à 80 % d’émissions en moins tout au long de son cycle de vie (pour un carburant qui serait composé de 100 % de ce carburant alternatif) par rapport aux carburants classiques ». (...)
Ensuite, le « Perfect flight » a fait l’objet de la part de pilotes de Braathens Regional d’une « étude très fine pour que le pilotage puisse encore réduire les émissions de carbone ». Le « vol a été effectué selon la route la plus directe possible », explique Johan Molarin, commandant de bord de ce « vol parfait ». Il a « aussi été effectué à plus haute altitude, avec une descente à vitesse réduite et le centre de gravité de l’appareil a été optimisé pour réduire l’effet de traîne », poursuit-il (dont l’impact sur le changement climatique est un sujet de débat). « Cette optimisation de la trajectoire a été rendue possible par le contrôle aérien qui a organisé le trafic aérien pour faciliter le vol de l’ATR de BRA. »
Pari gagné donc puisque le « Perfect flight » a « été en mesure de réduire de 46 % les émissions de carbone par rapport à un vol classique ». (...)
Enfin, ce n’est pas un hasard si c’est une compagnie suédoise, qui a réalisé ce « vol parfait ». Ce pays a pour objectif de s’affranchir des énergies fossiles pour tous ses vols domestiques à l’horizon 2030 et pour tous les vols décollant sur le sol suédois à partir de 2045. Des projets ambitieux mais qui seront difficiles à atteindre. À court terme, les professionnels du secteur ne voient pas de solution miracle pour les avions de plus de 50 places.