
Les brevets déposés sur les végétaux font l’objet d’une compétition acharnée entre multinationales. Conséquences : un paysan mexicain peut être, d’un point de vue légal, condamné à devoir des royalties à une entreprise américaine pour cultiver les haricots de ses ancêtres. Face à la « colonisation des savoirs », la députée européenne Catherine Grèze (EELV) appelle à la pleine reconnaissance des droits des peuples autochtones.
(...) Dans une forêt reculée, des Indiens accueillent, amusés, un touriste de passage qui, les yeux ronds, découvre les plantes et autres baies miraculeuses qui soignent les maux de cette communauté. Puis il repart, quelques échantillons en poche. L’homme n’a rien d’un touriste et, une fois de retour dans son laboratoire, dont les robots peuvent étudier jusqu’à 100 000 échantillons par jour, il décompose la plante. Et, enfin, il dépose le brevet. Cette invention maintenant, c’est lui. Les centaines de personnes qui s’étaient transmis ce précieux héritage, l’avaient amélioré au fil du temps, soudain tout cela n’existe plus. Du moins, aux yeux du droit.
Cherchez l’erreur : 90 % du patrimoine biologique mondial se trouve dans les pays dits « en voie de développement », quand 97 % des brevets sont détenus par les pays industrialisés. Pourquoi ? (...)
D’un côté, les pays en développement doivent mettre en place un cadre juridique adéquat en matière d’accès et de partage des avantages. De l’autre, les pays industrialisés doivent prévoir des mécanismes efficaces garantissant un partage juste et équitable des avantages tirés de l’utilisation des ressources génétiques. Enfin, du point de vue de l’Union, il faut faire en sorte que le protocole de Nagoya soit ratifié, réformer le système de propriété intellectuelle pour soutenir l’obligation de divulgation et protéger les savoirs traditionnels, ce qui implique une pleine reconnaissance des droits des peuples autochtones. Une nouvelle éthique internationale à inventer. (...)