
A en croire JM Blanquer, son bilan est remarquable. D’une certaine façon c’est vrai. JM Blanquer est resté 5 années rue de Grenelle. C’est un record sous la 5ème République. Il a eu le temps de marquer profondément l’Education nationale. Et il aurait eu le temps d’obtenir des résultats. Mais si on doit évaluer l’action ministérielle en fonction du niveau des élèves, quoiqu’en dise le ministre d’E. Macron, les résultats ne sont pas là, ni en ce qui concerne le niveau global que la réduction des inégalités sociales de réussite. Si on doit l’estimer au regard de la considération portée aux enseignants et de l’attractivité du métier enseignant, ces 5 années se terminent en catastrophe. Mais si on évalue le ministère au regard des changements apportés au système éducatif, JM Blanquer a fait évoluer la gouvernance du système. Il sera difficile de revenir en arrière.
Ce que montrent les évaluations mêmes du ministère c’est que le niveau monte lentement. Ne nous laissons pas impressionner. Dans tous les pays qui utilisent ces évaluations, le niveau progresse ne serait ce que parce que les élèves sont mieux préparés aux tests. Par contre ce que disent les données ministérielles c’est que les objectifs ne sont pas atteints. JM Blanquer avait promis un vrai bon au début de l’école primaire grâce à plus de 10 000 postes. En fait l’évolution est faible. Pire,les résultats des élèves socialement défavorisés des classes dédoublées ne sont pas meilleurs que ceux des élèves défavorisés des classes non dédoublées. On ne saurait mieux attester de l’impasse pédagogique dans laquelle le ministre s’est mis. Impasse dont nous n’avons pas fini de parler car il semble que le candidat E Macron veuille poursuivre les dédoublements.
Pour évaluer vraiment le niveau des jeunes Français, il faut regarder les évaluations internationales.
Or, les résultats de Pisa 2018 montrent une stagnation. Quand à ceux de TIMSS (maths et sciences) ils sont très mauvais. (...)
Là où JM Blanquer n’a pas économisé c’est dans la transformation du système éducatif. Il avait promis de ne pas faire de loi et de circulaires. En fait les lois se sont succédées, notamment la "loi dur l’école de la confiance". Et les professeurs ont croulé sous des "référentiels" ou des "livres" dictant de plus en plus leurs pratiques pédagogiques. En 5 ans, malgré la pandémie de Covid, JM BLanquer a enchaîné les réformes.
D’abord celle de l’école primaire où il a détruit ce qu’avait fait le gouvernement précédent (par exemple les maitres surnuméraires) et imposé de nouveaux programmes et dispositifs. Il a rompu définitivement avec l’école imaginée par les pères fondateurs de la IIIème République en détruisant, avec obstination, les petites républiques des professeurs que constituaient les écoles pour les soumettre au principe hiérarchique avec de malheureux directeurs chargés d’une autorité qu’ils n’ont ni le statut ni les moyens d’exercer. Au collège il a détricoté la réforme précédente, supprimant par exemple la 2de langue vivantes dès la 6ème. Il a entrepris la réforme du lycée général et technologique, une réforme tellement critiquée qu’elle est toujours remise sur le métier. Enfin il a profondément réduit les enseignements en lycée professionnel et diminué aussi les débouchés des élèves qui sont parmi les premiers sacrifiés du quinquennat.
Toutes ces réformes s’assemblent peu à peu pour dessiner une nouvelle école. Une école conforme au nouveau management public, nouvelle norme internationale que JM Blanquer peut se féliciter d’avoir fait progresser en France. La formation des enseignants a fait un bond en arrière, les futurs professeurs n’étant plus fonctionnaires stagiaires mais de simples étudiants. Dans le premier comme dans le second degré, le ministre a renforcé la hiérarchie. (...)
Finalement le bilan de ces politiques se lisent dans la perte d’attractivité des métiers de l’éducation. Non seulement le ministère de l’éducation nationale a de moins en moins la capacité de trouver les enseignants dont il a besoin, malgré la réduction de ses besoins dans le second degré. Mais il doit faire face çà une hausse très rapide des démissions d’enseignants.
Les derniers sondages montrent que l’opinion publique est inquiète de son école et ne croit pas dans l’amélioration de ses résultats. Quant aux personnels jamais ils ont été aussi peu nombreux à être en accord avec la politique suivie. Le seul domaine où le ministre de l’Education nationale a sensiblement progressé c’est dans le nombre d’heures passé sur les plateaux des télévision et dans les radios. Jamais un ministre n’a autant travaillé son aura médiatique. Pour le reste, le ministère Blanquer c’est 5 années perdues pour l’Ecole française