Menacé d’expulsion par la maire du village, le célèbre musicien de jazz se dit victime d’une sourde vengeance rurale.

Dans un court accès de taquinerie, Bernard Lubat promettra ce jour-là que jamais il ne se laisserait aller à une grève de la faim. « Faut pas déconner… Mais pour le reste, j’attends les gendarmes de pied ferme. » Logé chez l’institutrice du village depuis qu’il a succombé à ses charmes voilà une douzaine d’années, le célèbre jazzman - et organisateur du tout aussi fameux festival local, Uzeste musical - est ainsi la victime collatérale de l’expulsion de madame. Et même son véritable mobile, selon lui. (...)

Sommée par la mairie d’Uzeste de quitter séance quasi tenante le quatre-pièces communal au lendemain de son départ à la retraite le 1er juillet dernier, Martine Bois assure d’ailleurs n’être qu’un alibi pour les ennemis de son ami. « Trois semaines après la fin des cours, sans le moindre préavis et en pleine préparation du festival, j’ai reçu un acte d’huissier m’intimant l’ordre de déguerpir avant le 31 août de ce logement que je loue depuis quinze ans. » S’appuyant sur le « bail précaire et révocable » de ce logis scolaire à loyer très modéré (216, 49 € par mois), la mairie n’invoque de son côté rien d’autre que l’urgente nécessité d’y aménager une salle polyvalente pour les écoliers du village.

Voilà pour le fond des faits que les juges jugeront. Car c’est d’abord et surtout sur leur forme qu’il convient ici d’envisager une querelle de clocher somme toute assez banale. Une abondante manifestation de soutien et deux éditos complices dans « L’Humanité » plus loin, l’affaire vire désormais à l’affrontement idéologique entre les partisans de deux mondes ruraux que tout semblerait opposer.

(...) Wikio