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Belgique : Carta Academica sur la formation initiale des enseignants : Chronique d’un naufrage annoncé
#enseignement #Belgique #liberalisme
Article mis en ligne le 20 décembre 2022

Le décret sur la formation initiale des enseignants entre en vigueur à la rentrée prochaine. Il se fixe pour objectif d’améliorer la formation et de renforcer l’attractivité du métier. Le remède choisi est d’allonger les études sans modifier le salaire, de privilégier la forme sur le contenu et de forcer les Hautes Écoles et les universités dans des partenariats d’une complexité ingérable.

La Fédération Wallonie-Bruxelles s’apprête à lancer la plus grande opération d’ingénierie sociale de son histoire. Ce sera aussi sa plus grande débâcle et un immense gâchis. Le décret sur la réforme de la formation des enseignants est censé être la clef de voûte du pacte d’excellence, vaste projet pour hisser la Fédération Wallonie-Bruxelles en tête des classements de compétitivité en tous genres. Les performances de nos élèves dans les tests européens harmonisés Pisa inquiètent (1). Le remède préconisé est d’améliorer la formation de tous nos enseignants, de la maternelle à la fin de l’école secondaire, et de renforcer l’attractivité du métier d’enseignant. Quand on compare les systèmes éducatifs européens, on constate que les élèves en tête des tests Pisa sont ceux dont les professeurs font les plus longues études et sont donc aussi les mieux payés. Comme la Fédération Wallonie-Bruxelles n’a pas les moyens de mieux rémunérer ses enseignants, il fut décidé de rallonger les études sans rien changer aux salaires. (...)

La mise sous tutelle des Hautes Écoles

Les enseignants des écoles maternelle, primaire et du secondaire inférieur sont formés dans des Hautes Écoles Pédagogiques dans des cursus de 3 ans. Ces formations passent dès la rentrée 2023 à 4 ans. Les nouveaux cours à créer ne seront pas donnés par les enseignants des Hautes Écoles, mais par des enseignants des universités. Les Hautes Écoles perdent le droit de délivrer seules des diplômes et sont contraintes de s’engager dans des conventions complexes de co-diplomation avec une université. (...)

Au lieu d’obtenir un refinancement, les Hautes Écoles se trouvent mises sous la tutelle des universités. Ce rattachement correspond à un objectif non avoué de rationalisation du paysage de l’enseignement supérieur. La Fédération Wallonie-Bruxelles compte 6 Universités et 19 Hautes Écoles. On estime que ces dernières ne sont pas seulement trop nombreuses, mais aussi trop autonomes, et leur personnel trop syndiqué, par rapport à la docilité des universités et des universitaires. (...)

Ce sont pourtant surtout ces futurs enseignants recrutés par les universités pour parcourir le pays pour donner quelques heures de cours dans au moins une demi-douzaine d’établissements différents qui seront à plaindre. L’université, pour eux, sera une agence comptable plutôt qu’un lieu de travail. Ni les Hautes Écoles, ni leurs étudiants ne pourront attendre que ces enseignants s’investissent dans le projet d’établissement, dans les tâches administratives, qu’ils soient disponibles pour leurs étudiants à la fin de leurs cours et déjà en route pour un autre établissement 60 km plus loin. Les brigades volantes d’enseignants que le décret va créer ressemblent plus à un dispositif de boîte d’interim qu’à un dispositif pédagogique qui pourrait améliorer la formation de nos futurs enseignants. (...)