
La mère du bébé décédé la semaine dernière dans le centre de rétention de Mayotte accuse la police de l’air d’avoir fait pression sur elle pour qu’elle déclare que le nourrisson était mort dans le kwassa qui l’a amené d’Anjouan. Afin d’éviter une mise en cause de l’Etat français. La justice a décidé d’ouvrir une enquête.
C’est un nouveau scandale en perspective lié aux conditions de prise en charge de l’immigration clandestine à Mayotte. Dans une interview au journal France Mayotte Matin, la mère du nourrisson de deux mois qui est décédé jeudi dernier au centre de rétention administrative de Mayotte (CRA) accuse les services de l’Etat et la police de l’air et des frontières (PAF) d’avoir fait pression sur elle pour que le drame soit étouffé. « Ils m’ont donné des papiers et ils m’ont dit de dire que l’enfant n’était pas mort au CRA mais dans le kwassa, sinon il y a des personnes qui vont perdre leur emploi », a déclaré Hichimati Attoumani, 17 ans, à France Mayotte Matin.
Selon la version de la jeune femme, les fonctionnaires qui ont tenté de la faire mentir ont profité de sa fragilité pour que l’Etat français soit exonéré de toute responsabilité dans la mort du nourrisson. Hier matin, le père de Hichimati Attoumani a confirmé ses déclarations. Il a indiqué au journal qu’il avait entendu un policier ordonner à sa fille de déclarer que le bébé était mort sur le kwassa, en la menaçant de l’envoyer en prison. Ces révélations donnent aujourd’hui un tout autre éclairage sur les protestations de l’association de défense des immigrés Cimade qui a accusé, lundi, le SMUR de Mayotte ne pas avoir porté une « attention particulière » au bébé décédé le 16 août en rétention. (...)
Après ses déclarations, la justice a réagi. Le procureur de la République de Mamoudzou, Philippe Faisandier, a décidé d’ouvrir une information judiciaire pour éclaircir les circonstances de la mort du bébé. "Trop de contradictions sont relevées dans ce dossier, a déclaré le magistrat à nos confrères. Les éléments et témoignages recueillis ne permettent pas de déterminer l’heure et l’endroit de la mort de la petite fille, ni même les circonstances de la disparition".
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Ce drame intervient alors que plusieurs associations demande au gouvernement de suspendre la circulaire du 6 juillet 2012 du ministère de l’Intérieur selon laquelle la rétention des enfants reste possible à Mayotte dans le cadre de mesure d’éloignement alors que sur le reste du territoire français les familles en situation irrégulière sont assignés à résidence. A la suite de la mort du bébé, les ministères de l’Intérieur et des Outre-mer ont justifié leur politique d’exclure Mayotte du droit commun. Le défenseur des droits Dominique Baudis, avait décidé, vendredi de « s’autosaisir de cette tragique affaire »