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Avec l’agroécologie, ce qui est bon pour la biodiversité l’est pour le climat
Article mis en ligne le 4 mai 2019
dernière modification le 2 mai 2019

Alors que les scientifiques du monde entier se penchent cette semaine sur l’état de la biodiversité, les auteurs de cette tribune montrent que préserver la biodiversité et lutter contre le changement climatique vont de pair grâce à l’agroécologie.

(...) Est-il possible de nourrir tous les Européens avec une agriculture qui ne dénaturerait pas la nature et qui en même temps prendrait sa part de la lutte contre le réchauffement climatique ? Les études que nous avons menées ces dernières années sur l’agroécologie, dont le premier volet a été publié en septembre 2018, permettent d’apporter des éléments de réponse positifs. Ils sont à cet égard porteurs d’une vision crédible, et de ce fait pleinement entrés dans le débat public.

Ce scénario prospectif, nommé TYFA (acronyme anglais pour Ten Years for Agroecology in Europe, les dix prochaines années seront cruciales pour enclencher la transition), dessine à l’horizon 2050 une Europe agroécologique qui se nourrirait mieux et protégerait le monde vivant, les eaux et les sols. (...)

Les hypothèses adoptées dans le scénario — généralisation des principes de l’agriculture biologique, et donc cessation totale de l’usage des intrants de synthèse (fertilisants et pesticides), extension des infrastructures agroécologiques telles que les haies, les habitats pierreux, etc., redéploiement des prairies permanentes et adoption de régimes alimentaires plus sains (moins riches en produits animaux et plus en fruits et légumes) — découlent de la prise en compte des enjeux principaux auxquels fait aujourd’hui face notre système alimentaire : augmentation des maladies chroniques associées à l’alimentation (obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires), impacts sur et du changement climatique, perte de biodiversité et dégradation des ressources naturelles (sols, eau).
Dans cette hypothèse, la production de bioénergie est réduite à zéro

Les résultats de notre modélisation montrent que malgré une baisse de la production de 35 %, le scénario TYFA permet de nourrir plus durablement 530 millions d’Européens tout en dégageant un surplus en céréales, produits laitiers et vins. (...)

Une variante de ce scénario, nommée TYFA-GES (pour gaz à effet de serre) et présentée en avril 2019, nous permet de modéliser une amélioration de ces performances en vue de la neutralité carbone, sans remettre en cause les principes de base du scénario. (...)

Il nous semble nécessaire, aujourd’hui, de cesser de hiérarchiser la question « climat » et la question « biodiversité » (...)

La modélisation TYFA ne clôt pas l’affaire, le débat sur l’avenir de notre agriculture et de notre alimentation est encore devant nous. Mais il nous semble nécessaire, aujourd’hui, de cesser de hiérarchiser la question climat et la question biodiversité. Les couplages entre modèles climatiques et modèles de biodiversité en sont encore à leurs débuts et les impacts sur la vie et la structure des sols sont difficilement appréhendables par des indicateurs quantifiés de manière prospective. Mais ne pas s’y essayer induit une hiérarchie implicite, qui fait de facto de l’enjeu climatique la priorité par rapport aux autres.

Climat et biodiversité sont des enjeux essentiels qu’il faut désormais interroger en parallèle, ce qui mène à considérer les stratégies fondées sur l’agriculture extensive et l’agroécologie comme des options crédibles.