
Près de 300 personnes se sont réunies à Paris mercredi soir contre « la criminalisation de la solidarité » et en hommage à Carola Rackete, la capitaine de bateau humanitaire qui a désobéi aux autorités italiennes.
« O Capitaine, ma capitaine ! », « Je suis une emmerdeuse »… Mercredi soir, place de Stalingrad (Paris XIXe), plusieurs pancartes se dressaient en hommage à la capitaine du Sea Watch III, Carola Rackete, arrêtée samedi 29 juin après qu’elle a débarqué en Sicile avec 42 personnes secourues en mer deux semaines plus tôt, se passant de l’autorisation des autorités. Si la justice l’a libérée mardi, considérant que les charges de « résistance avec violence envers un navire de guerre » et « obstruction à la force publique » ne tenaient pas, elle reste un symbole de la « criminalisation de la solidarité » pour les associations. Près de 300 personnes se sont donc réunies, à leur appel, dans une ambiance de joyeuse détermination.
Une « figure de résistance »
Véronique, venue en citoyenne concernée, juge que Carola Rackete a « sauvé l’honneur » : « Ce bateau secourt des gens qui meurent en mer et que l’Union européenne a fait le choix d’abandonner. Il y a quelques années, c’est l’Europe qui avait la mission de conduire les sauvetages en mer mais on a abandonné ça à la Libye », déplore-t-elle. « Il faut absolument dire qu’on est pas d’accord », conclut cette avocate.
Pour Malika, infirmière, « cette arrestation est complètement inhumaine. Les lois européennes pour éviter que les gens viennent sont illégales au regard du droit international. Elles provoquent des morts. C’est effrayant ». Anaïs, salariée de Médecins sans frontières : « La décision de ne pas se plier à des lois qui ne respectent pas les fondamentaux des droits humains, oser désobéir, j’ai trouvé ça très courageux. C’est une figure de résistance ».
« Europe de l’accueil » contre « Europe forteresse »
Du côté des associations, si on s’est réjouis de l’issue des poursuites contre Carola Rackete, qui serait néanmoins obligée de se cacher en raison de menaces de morts, on estime comme Félix Guyon, directeur général de Thot, une école conçue pour les migrants, que « le problème n’est pas réglé, il se reposera demain, avec un nouveau navire ». « Il y a deux visions de l’Europe qui s’affrontent, juge-t-il. Une qui applique le droit international et de la mer, et le principe d’accueil inconditionnel de tous les exilés, face à une Europe forteresse agressive, du repli sur soi. C’est important d’être rassemblés pour défendre la première Europe ». (...)