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Basta !
Au secours, la terre disparaît !
Article mis en ligne le 8 octobre 2011
dernière modification le 5 octobre 2011

Partout, les terres s’épuisent. Et risquent de ne plus pouvoir nourrir l’humanité. En cause : l’érosion des sols, liée aux productions intensives, le déclin de la biodiversité ou des vers de terre, accéléré par l’usage massif de la chimie, ou encore la progression inexorable du béton des villes et des routes qui stérilise à jamais notre bonne vieille glèbe. Aux États-Unis, de nombreuses études lancent l’alarme : la disparition progressive des terres arables pourrait être irréversible. En France, on cherche encore à évaluer le phénomène, sans trop se presser. Enquête.

(...) « C’est un problème plus grave encore que le réchauffement climatique », prévient Daniel Nahon, professeur de géosciences à l’université Paul-Cézanne d’Aix-en-Provence. La qualité des sols agricoles se dégrade. Au point, selon certains experts de mettre en cause la capacité à nourrir les humains. « Les sols s’érodent, se dégradent, perdent de leur fertilité, poursuit le chercheur. On considère à tort qu’ils vont produire éternellement. Mais, un jour prochain, on n’observera pas seulement une chute de la productivité, mais une non-production. » (...)

Or pour nourrir la population mondiale grandissante, il faudra doubler la production agricole dans les prochaines décennies. Une impossible équation. « Aujourd’hui, 0,27 hectare est disponible par personne (2700 m2). Dans quarante ans, à cause de la perte de terres et de l’augmentation de population, il restera seulement 0,14 hectare par personne » (...)

Malgré d’importants défrichements en Amazonie ou en Indonésie (environ 12 à 13 millions d’hectares/an, ce qui pose aussi le problème de la déforestation), la superficie des terres arables n’a pas augmenté depuis les années 1970. Pire, les réserves sont limitées. Il ne reste que 600 millions d’hectares dans le monde pouvant être convertis en terres cultivables, sans remettre en cause l’équilibre entre terres arables et forêts, prévient Daniel Nahon.
(...)

En France, rares sont ceux qui tirent la sonnette d’alarme. (...)

Comment en est-on arrivé là ? Les labours trop profonds entraînent une baisse de la qualité et de la quantité de la matière organique en surface, perturbent la faune et exposent les sols à l’érosion. L’emploi excessif d’engrais chimiques et du désherbage exterminent faune et bactéries. Et les cultures intensives, lorsque toute la plante est utilisée, y compris la tige et les feuilles, privent les sols de la matière organique qui les alimente. L’absence de haies ou de cultures « de couverture », qui protégeaient les sols, favorise l’érosion. Leur lessivage entraîne la mort chimique.
(...)

« Si on veut plus de terres arables, il faut gagner sur les terres arides, c’est-à-dire les terres gelées, les terres trop salées… Et donc inventer des plantes qui peuvent vivre sur ces terres », estime de son côté Daniel Nahon. Il défend la « génétique fonctionnelle » pour « stimuler les plantes ». Des innovations technologiques qui pourraient aggraver la situation et augmenter les inégalités, au lieu de régler le problème à la source, en réinterrogeant les modes de production agricole. Une fuite en avant, comme souvent, à défaut de prendre soin de la terre.

(...) Wikio