
Pour se souvenir que les morts ne sont pas que des statistiques, il faut les identifier. Le travail sur les victimes de la Shoah a ouvert la voie, qui se poursuit avec les migrants que l’Europe laisse se noyer.
N ommer ces ombres pâles, c’est déjà les convoquer à la lumière du jour… » C’est par ces mots que le philosophe Vladimir Jankélévitch saluait, dans Le Nouvel Observateur du 22 mai 1978, l’entreprise de Beate et Serge Klarsfeld de publier in extenso les noms des 76 000 déportés juifs de France ayant péri dans la nuit et le brouillard des camps d’extermination et de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale. Car les nazis, pour cacher leurs crimes mais aussi pour dénier leur humanité à leurs victimes, avaient refusé de leur accorder toute sépulture digne, indissolublement liée au souvenir du défunt et donc à la trace que matérialisent l’identification et la dénomination du mort. La déshumanisation passe par là. Et les bourreaux en sont également déshumanisés. (...)
Une phrase de Simone de Beauvoir – écrite dans un contexte différent puisqu’elle s’inscrivait dans sa volonté de lutter contre le viol et les violences faites aux femmes, trop souvent ignorées ou dissimulées – traduit cette même exigence : « Nommer, c’est dévoiler, et dévoiler, c’est agir ! » (... )
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– Mémorial des morts aux frontières de l’Europe (Le 18 février 2011)
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– Mémorial à la mémoire des migrants disparus en mer (06/26/08)