
Au lycée Utrillo de Stains, la nomination d’un ancien gendarme au poste de proviseur adjoint en charge de la sécurité a provoqué la colère des enseignants. Dans le flou face à ce recrutement, les parents d’élèves ont été conviés par les professeurs pour répondre à leurs questions. La plupart dénonce un recrutement au détriment des moyens manquants pour l’éducation de leurs enfants. Reportage.
« Et puis quoi encore ? On aura bientôt des surveillants policiers ? La police, c’est en dehors de l’établissement scolaire ! », ne peut s’empêcher de lancer un parent d’élève, sortant de l’établissement d’un pas pressé. « Ils devraient d’abord consulter l’avis des parents ! » lance une autre mère de famille à son amie, en s’éloignant vers une station de bus de l’autre côté de la rue.
Ce jeudi 8 novembre, il est 19h et la frustration se ressent. Deux réunions d’information des parents viennent de prendre fin au lycée Utrillo de Stains. Leur but : expliquer aux parents la mobilisation des enseignants, en grève depuis l’entrée en fonction lundi 5 novembre d’un ancien gendarme au poste de proviseur adjoint en charge de la sécurité. Ce recrutement c’est la réponse du rectorat aux problèmes de violences qui ciblent les abords l’établissement.
Des parents d’élèves en manque d’information
L’établissement a connu plusieurs mobilisations ces derniers mois pour plus de moyens humains et matériels, après une vague de violences et des rixes qui ont éclaté devant le lycée. Aujourd’hui, la nomination d’un ancien gendarme au poste de proviseur adjoint fait craindre à plusieurs enseignants la stigmatisation des élèves.
Pour les personnels mobilisés, cette nomination est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. (...)
Ici, on a des lycéens en situation irrégulière et on ne connaît pas le lien que ce proviseur adjoint gendarme entretient avec la préfecture
Pour plusieurs autres, priorité doit être d’assurer de bonnes conditions d’enseignement à leurs enfants. Peggy, dont le fils est en classe de Terminale, s’inquiète du manque de moyens criant auquel fait face le lycée Maurice Utrillo (...)
Ce vendredi, la grève des enseignants aura duré une semaine. Et ce n’est pas fini, assurent-ils. « On nous pousse à faire la grève car on ne nous écoute pas, » déplore Benoît, professeur de sciences et vie de la terre, qui explique avoir à de nombreuses reprises été au rectorat de Créteil, sans résultat. « Le recteur devrait venir faire un tour ici car il ne connait pas la réalité du terrain, » lance-t-il.
La mobilisation continuera ce vendredi 9 et lundi 12 novembre, indiquent les enseignants. Un rassemblement de soutien est également prévu mercredi 14 novembre devant la Basilique de Saint-Denis.