
Près du musée du Louvre à Paris, une colocation d’un nouveau genre a ouvert ses portes début septembre. Onze réfugiés et treize Français vont cohabiter pendant un an dans un immeuble de 1000 m². Une initiative inédite qui facilite l’intégration des réfugiés, les échanges multiculturels et l’accès des jeunes au logement.
Ils sont Somaliens, Guinéens, Afghans ou encore Soudanais. Jusqu’à maintenant, aucun d’entre eux ne s’était imaginé vivre un jour dans le 1er arrondissement de Paris, à quelques mètres du musée du Louvre et du jardin du Palais Royal. Depuis le mois de septembre, c’est pourtant leur quotidien. Grâce à l’association Caracol, onze réfugiés vont vivre pendant un an avec treize Français, dans un immeuble typiquement parisien.
Âgés de 20 à 35 ans, les 24 colocataires sont étudiants ou jeunes actifs. Ils partagent les locaux de 1000 m² comprenant plusieurs espaces communs : une cuisine, un salon ou encore une salle de travail. Chacun possède sa propre chambre avec kitchenette, salle de bain et toilettes (...)
pour participer au projet, plusieurs conditions doivent être réunies. "Il faut avoir plus de 18 ans, un titre de séjour en règle pour les étrangers, du fait de l’obtention de la protection subsidiaire ou du statut de réfugié, et donner la preuve d’un revenu régulier (RSA ou garantie jeune par exemple)", explique Simon Guibert, fondateur de Caracol. (...)
En vertu de l’article 29 de la loi Élan, chaque colocataire paye au maximum un loyer de 200 euros par mois, qui sert notamment à payer les charges. L’association reverse la somme correspondante au propriétaire des lieux, la Régie immobilière de la ville de Paris, deuxième bailleur social de la capitale. Les résidents sont libres de compléter leur redevance sous forme de dons à l’association.
À l’origine, l’immeuble devait rester vacant en attendant d’être transformé en logements sociaux fin septembre 2021. Pour le bailleur, le système proposé par Caracol est donc avantageux : puisque l’immeuble est occupé, l’organisme n’a pas à s’acquitter des frais de gardiennage et d’entretien.
Chantier participatif et mode de vie écolo
En outre, le concept permet de répondre à la crise du logement, qui touche en particulier les grandes villes (...)
Toutefois, les postulants à cette colocation ne doivent pas être dans une situation d’urgence pour trouver un logement car le processus de sélection prend du temps (...)
En amont, l’association se renseigne sur les motivations des candidats. "On leur demande de s’impliquer avant l’entrée dans la colocation", précise le fondateur de Caracol, qui chapeaute déjà plusieurs colocations de ce type en France.
Avant leur emménagement, les résidents ont participé à des petits travaux de finition. Ils ont nettoyé les locaux et les ont aménagés avec des meubles récupérés chez Emmaüs ou ailleurs. (...)
Une fois la rénovation terminée, les résidents ont rythmé la vie de la colocation avec des cours de yoga, des cours de français et d’arabe, des ateliers de danse ou de couture… Les activités sont dispensées par les occupants dans le respect de la distanciation physique. (...)
Pour cette étudiante en urbanisme de 21 ans, cette expérience est inédite. "J’ai fait la connaissance de personnes que je n’aurais jamais rencontrées dans la vie de tous les jours. J’ai découvert des cultures et des histoires différentes", rapporte-elle.
"On vit comme une famille"
De leur côté, les réfugiés ont franchi avec cette initiative une étape dans leur intégration en France (...)
Même si le concept semble bien fonctionner pour l’instant, les occupants des lieux ont été avertis : ils devront trouver un autre logement en septembre prochain. "Avant de rentrer dans la colocation, j’ai commencé des démarches administratives pour demander un logement social. Mais en réalité, je n’ai aucune envie de partir", confie Yaseir. "Je me suis fait des amis et je progresse en français. Je suis très heureux ici".