
(...) En dépit d’une campagne de presse d’une violence rare (marquée par les accusations de corruption lancées par le magazine Veja jusqu’à la veille du scrutin (6)), de résultats économiques décevants (croissance faible et retour des déséquilibres des comptes externes (7)) et de manifestations massives en juin 2013 (8), les Brésiliens ont donc choisi de maintenir au pouvoir un parti qu’ils associent à l’intervention de l’Etat dans l’économie, à la réduction de la pauvreté et au succès de programmes sociaux tels que la « Bourse famille » ou Bolsa familia (qui, paradoxalement, se contente de rassembler et d’étendre d’autres programmes inaugurés par M. Cardoso (9)).
(...) Cruciale sur le plan intérieur — ne serait-ce que parce M. Neves menaçait de « rendre son indépendance » à la banque centrale du pays —, le scrutin l’était également sur le plan régional : « La perspective d’une défaite de la présidente Dilma Rousseff au second tour suscite une préoccupation profonde parmi ses alliés de la région, particulièrement le Venezuela et l’Argentine », se réjouissait O Globo il y a une semaine (10). Bien qu’en retrait politique par rapport aux gouvernements les plus radicaux d’Amérique latine, le Brésil en facilita les réussites en raison de son attitude bienveillante, qualifiée de « patience stratégique » à Brasília.
Grâce aux Brésiliens, la gauche latino-américaine dispose donc d’un contexte géopolitique moins défavorable pour tenter de remédier à ses difficultés économiques. Saura-t-elle en profiter ?