
Le 08 avril 2014, une opération policière de plus devant l’Université
d’Économie (ASOEE) a abouti à l’arrestation de 12 immigrés et d’un
étudiant grec. L’Université d’ASOEE, où l’Assemblée d’Immigrés et
Solidaires se tient depuis 2011, se situe dans le centre-ville d’Athènes,
une zone qui a été la cible de discours et pratiques racistes les
dernières années. Un regard sur le passé récent est néanmoins nécessaire afin d’être en mesure de saisir l’impact de la violence raciste contre les communautés immigrées du centre-ville ainsi que la dynamique des luttes contre celle-ci.
(...) Dès le début 2008, plusieurs quartiers du centre-ville ont été les témoins de l’émergence et de la création des aujourd’hui tristement célèbres "comités d’habitants". Constitués par des membres du parti néo-nazi Aube Dorée ainsi que d’autres grecs racistes, ces comités ont commencé à mettre en pratique leur agenda raciste dont le but principal était de créer des quartiers grecs "purs", un but accompli à travers les coups de couteau, les tabassages et une prolifération continue de discours haineux - à savoir que les immigrés sont sales, qu’ils sont des criminels, des sauvages et les responsables de la faillite du petit commerce grec (en particulier les immigrés vendeurs de rue) ou du taux de chômage en augmentation. Mais ils n’étaient pas seuls dans leur campagne anti-immigrés. Des organisations de petits commerçants n’ont jamais raté une occasion d’exprimer leur haine raciste contre les immigrés vendeurs de rue tandis que les officiels élus de l’état grec participaient à la compétition de celui qui fera la déclaration anti-immigrés la plus dure. (...)
Ce fut donc peu surprenant qu’au printemps 2011 et
après le meurtre d’un grec, que des membres d’Aube Dorée accompagnés d’une foule de grecs aient lancé un pogrom dans le centre-ville résultant dans le tabassage et des attaques à coups de couteaux contre de nombreux immigrés, la destruction de plusieurs magasins tenus par ces derniers et le meurtre d’Alim Abdul Manan du Bangladesh. La route leur était malheureusement déjà toute tracéeŠ
Construire une communauté de lutteŠ (...)
Depuis lors, l’Assemblée d’Immigrés et Solidaires se rencontre
régulièrement à ASOEE, prenant peu à peu forme. Situé dans un
environnement assez hostile et devant faire avec les attaques quotidienne de la police, l’Assemblée a aussi dû faire face à une série d’obstacles dans son fonctionnement interne, découlant surtout d’un manque d’expérience factuelle dans l’engagement dans des luttes actuelles d’immigrés.
Le mouvement ainsi que la gauche grecque étaient réticents à s’engager dans de telles luttes ou, lorsqu’ils y participaient, ils le faisaient d’une manière assez condescendante. Beaucoup d’efforts allèrent donc dans la construction de rapports entre les membres de l’assemblée elle-même, en prenant toujours en compte le besoin qui avait au départ réunis les immigrés et leurs alliés, à savoir leur aversion pour la présence continuelle de la police hors de l’université et en ne négligeant jamais les positions sociales diverses de ses membres et les privilèges et exclusions qui en découlent obligatoirement. Nous avons de cette manière-ci réussis à créer petit à petit une communauté de lutte qui est indépendante de tout parti politique ou ONG, qui se réunit hebdomadairement depuis trois ans dans l’université et qui, au-delà des confrontations continuelles avec les flics, organise divers événements antiracistes (...)
Pour revenir à aujourd’hui, ce qui décrit le mieux la situation dans le
centre-ville d’Athènes est ce qu’un représentant de police a récemment été surpris en train de dire, pas au courant qu’il était enregistré : "Ce que nous devons faire et de rendre leurs (les immigrés) vies insupportable - dès qu’ils arrivent en Grèce, ils doivent apprendre que la seule façon pour eux de rester ici est en prison". (...)
il est maintenant essentiel que nous intensifions nos efforts
et à cette fin nous prévoyons d’organiser une semaine de solidarité les
jours précédant le procès (du 18 au 25 juin). Tout type de soutien sera plus que bienvenu.