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l’ hebdo du vendredi
Asile de fous
Article mis en ligne le 29 novembre 2010

La semaine dernière, onze associations, syndicats et partis politiques signaient un appel envoyé aux autorités. Ils dénonçaient la situation dans laquelle se retrouvaient des familles, toutes demandeuses d’asile, alors que l’hiver débutait : elles ont été « sorties » de leur lieu d’hébergement. Certains sont des musulmans d’Arménie, dont on ne veut pas dans leur pays.(...)

« En France, je pensais que ce serait plus simple de vivre, de travailler, raconte l’un deux. Finalement, c’était plus facile en Russie. » Cette famille-là a d’abord fui l’Arménie pour la Russie, où elle a passé douze ans. Jusqu’à l’obligation de fuir de nouveau. Pas de papiers, puisqu’on les leur a volés en Arménie. Pas de preuve non plus à présenter aux services de l’Ofpra. Ce qui rend la demande d’asile très compliquée. (...)

Tout ce temps à attendre, sans pouvoir vivre d’un emploi légal, les enfants, eux, grâce notamment à l’action de Réseau éducation sans frontière (RESF), peuvent le passer à l’école, à peu près normalement. La cinquantaine de membres actifs de RESF à Châlons y veille, sait dans quels établissements envoyer les élèves. Des gosses qui grandissent trop vite. Grâce à l’école, ils parlent souvent mieux le français que leurs parents, et ils se retrouvent à jouer les interprètes dans des lieux pas faits pour eux, écoutent et répètent les histoires des parents, des histoires pas pour les enfants.
En plus de la « sortie » administrative quand le délai de recours est échu, l’autre problème, c’est justement la scolarité. Officiellement, ils sont, comme leurs parents, expulsables. Alors on reste discret. Sur l’école comme sur les solutions trouvées, via le tissu associatif local, pour héberger les familles en dehors des structures d’accueil des demandeurs d’asile. Expulsables ? Pour où ? (...)

Ce qui s’est passé la semaine dernière à Châlons n’est ni plus ni moins que l’application à la lettre de la loi. Quand les demandes d’asile sont refusées, et que le temps d’attente est écoulé, le droit à l’hébergement saute. Et les familles sont « sorties ». Au début de l’hiver, ça tombe mal. La semaine dernière, à Châlons, trois familles se sont ainsi retrouvées à la rue. L’une d’elles a trouver provisoirement refuge dans un centre d’hébergement pour SDF ; une autre a a recouru à l’obligation d’assistance à personne en danger auprès d’un citoyen ; la dernière a passé quelques nuits dans une voiture.