
Lundi 14 mars 2011
Au nom de tous les retenus du centre de rétention de Marseille
Madame, Monsieur,
voilà, le mercredi 9 mars vers les coups de 16 heures, un incendie s’est déclenché au centre de rétention de Marseille. On s’est trouvé prisonniers par le feu et beaucoup plus par la fumée très toxique. Les flics ont ouvert la porte d’entrée et ont pris rapidement deux ou trois détenus. Les pompiers sont venus 20 minutes après. Une partie des détenus a failli mourir par la fumée qui est très toxique. Grâce à Dieu, on a été sauvés de justesse. On a été conduits par les flics et les pompiers dans une salle pour les soins, malheureusement. On a été soignés rapidement, légèrement, ce qui est normal aux yeux de l’État français parce qu’on est sans papiers. Aucun droit. On a passé toute une soirée dans une cour, à l’air, jusqu’à 23 heures, et puis on a été conduits dans une petite salle de 12m2. On était 36 personnes. Entre 23h30 et minuit, ils nous ont conduits au centre de rétention de Nîmes.
Pire que des animaux, on est restés dans une salle jusqu’au petit matin. Beaucoup d’entre nous étaient malades. Ils avaient des brûlures aux poumons et à la gorge. Il y en a qui sont encore malades. Jusqu’à aujourd’hui on n’a pas reçu nos affaires, il nous manque plein de choses, les lunettes de soleil et l’argent qui restaient dans nos poches. »
Deux des détenus qui ont été transférés à Nîmes sont passés ce samedi devant le JLD, ils ont fait appel de la décision de leur maintien en rétention. (...)
Communiqué de presse de la cimade (CRA de Nîmes)
Mercredi 9 mars vers 16 heures un grave incendie a ravagé le centre de rétention de Marseille. 51 étrangers en situation irrégulière y étaient retenus.
Pris en charge par les pompiers, ces personnes sont restées dans la cour du centre de rétention pendant près de six heures. Leurs vêtements étaient inadaptés, certains étaient chaussés de tongs. Pendant ces six heures ils n’ont pas eu d’accès au téléphone, ni à des toilettes. Aucune prise en charge psychologique n’a été mise en place.
Dans la soirée, 34 personnes ont étés transférées vers le centre de rétention de Nîmes. Ces personnes qui venaient de subir un traumatisme, certaines étant très choquées, ont été menottés, et ce de manière si serrée que certaines en avaient des traces aux poignets.
Arrivés vers 1 heure 20 du matin au centre de rétention de Nîmes, les étrangers ont tous étés entassés dans un local de 20 m2. Certains, déjà incommodés par les fumées respirées à Marseille, se sont sentis mal. Le temps que les policiers les auditionnent un par un, les derniers n’ont pu gagner une chambre que vers 6 heures 30 du matin.
Le jeudi 10, 3 personnes qui avaient étés transférés à l’hôpital ont été amenées au centre de rétention de Nîmes.
Ce manque de considération pour la personne étrangère n’est pas nouveau : lorsque le CRA de Marseille avait été contaminé par la légionellose, l’administration avait laissé la bactérie se développer sans prendre les mesures adéquates, au mépris de la santé publique.
Au centre de rétention de Nîmes, lors d’une récente épidémie de gale, alors que dans la même situation toute école se voit fermée et désinfectée, l’administration avait méprisé les protocoles hospitaliers et laissé des personnes se contaminer.
Au-delà de la violation des droits de retenu administratif (accès au téléphone, à un avocat, aux visites, menottage…), l’administration démontre son mépris des droits de l’homme. Faisant prévaloir à tout prix l’objectif de reconduite, elle déshumanise l’étranger qui n’est considéré que comme un chiffre sur le tableau des expulsions.
Les retenus ont déposé des requêtes auprès du juge des libertés qui statuera prochainement sur l’atteinte à leurs droits