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Après des semaines de sursis, près de 200 migrants qui occupaient un squat à Thiais ont été évacués
#migrants #squats #expulsions
Article mis en ligne le 19 juillet 2023
dernière modification le 18 juillet 2023

Près de 200 migrants, majoritairement sans-papiers et originaires d’Afrique de l’Ouest, ont été expulsés, ce mardi, du squat de Thiais en région parisienne. Ils occupaient les lieux depuis le mois d’octobre 2021. L’évacuation n’est pas une surprise, les exilés s’attendaient à ce départ forcé pendant l’été. La grande majorité d’entre eux ont été relogés en province.

L’atmosphère est calme malgré la présence importante de forces de l’ordre. "Tout se passe bien, la police est là mais il n’y a eu aucune tension aucun contact physique avec elle", confie Lassina, un Ivoirien sans-papier qui vit dans le squat de Thiais depuis son ouverture en octobre 2021. (...)

Cette expulsion était redoutée, évidemment, mais elle n’était pas une surprise. Le 29 juin, un "commandement de quitter les lieux" remis par un huissier de justice avait préparé les 200 occupants, majoritairement sans-papiers et originaires d’Afrique de l’Ouest, à ce départ bon gré mal gré. Aujourd’hui, l’État met en application la décision de justice – initialement rendue par le tribunal administratif de Melun le 5 janvier 2022.

"Lors de l’évacuation, des solutions de mise à l’abri ont été proposées à l’ensemble des 168 personnes recensées lors du diagnostic social mené par la mairie de Paris", indique la préfecture du Val-de-Marne dans un communiqué. "Au final, 48 personnes ont été orientées vers des solutions d’hébergement dans le Maine-et Loire-et le Doubs, 26 ont été prises en charge par la ville de Paris et 36 par les services de l’État en Île-de-France. Les autres occupants ont décliné les solutions de mise à l’abri proposées." (...)

"J’ai eu un appartement en région parisienne. Je suis très content. Je reste dans le coin, je pense que comme je travaille ici, comme j’ai un contrat de travail, ils m’ont trouvé un logement dans le 94. Ils n’ont pas voulu m’envoyer en province et je les remercie".

Le soulagement est partagé par Booba, un autre occupant du squat des Baudemons (du nom de la rue). Lui ne restera pas à Paris, il sera envoyé à Angers, une ville qu’il ne connaît pas. "Au moins, je ne serai pas à la rue", confie celui qui craignait au mois de juin "que personne ne l’appelle pour lui annoncer qu’il serait relogé". Bimba Binto aussi ne dormira pas sur les trottoirs de la capitale. Interrogée par InfoMigrants en juin dernier, cette mère de famille ivoirienne, a elle aussi été relogée. "Elle est montée dans un car, ce matin", précise Lassina. "Je ne sais plus où elle va mais elle est en sécurité". (...)

Ce matin du 18 juillet, la députée France insoumise Rachel Kéké avait fait le déplacement, ainsi que quelques ONG, comme Médecins du Monde, pour soutenir les occupants. La plupart des habitants ont été déboutés de leur demande d’asile. Leur situation administrative ne leur permet pas de chercher un logement dans le parc locatif privé ou social.

Le bâtiment des Baudemons, une ancienne maison de retraite désaffectée, n’était pas insalubre. L’expulsion n’a d’ailleurs rien à voir avec la vétusté des lieux, mais avec sa surpopulation. La mairie de Paris, propriétaire des lieux, s’inquiétait de ce trop-plein. "Notre responsabilité est engagée. Que se passera-t-il si un incendie se déclare ?", avait insisté Léa Filoche, adjointe de la Mairie de Paris en charge des solidarités, jointe par InfoMigrants. (...)