
La nouvelle loi Darmanin va encore renforcer la répression des personnes sans papiers en facilitant les arrestations, l’enfermement et les expulsions. Pour ça, de plus en plus de centres de rétention administrative (CRA) vont être construits. Lutter contre la loi immigration, c’est donc aussi lutter contre les CRA !
Manifestation le 18 février à 14h, à Lyon, place Gabriel Péri.
C’est quoi un CRA ?
Les centres de rétention administrative (CRA) servent à enfermer des personnes sans-papiers, dans l’attente de leur expulsion. Les motifs d’enfermement sont divers : déboutés de l’asile ou ayant eu des refus de titres de séjour, personnes interpellées à la frontière, dans la rue ou au travail, sortant.e.s de prison… Toutes ces personnes partagent le fait de ne pas avoir eu les bons papiers au moment de croiser les services de la Préfecture (c’est à-dire des papiers « en règle » aux yeux des flics). Ces centres de rétention se situent au croisement des logiques d’enfermement et d’expulsion. En effet, ils sont pensés comme l’anti-chambre de l’expulsion mais sont avant tout des espaces d’enfermement et de tri, des personnes avec les bons ou les mauvais papiers.
Le rythme de construction des CRA s’accélère (...)
La loi immigration veut systématiser l’exécution des OQTF (...)
L’augmentation du nombre de places en CRA s’inscrit dans cette logique, l’État souhaite que toutes les personnes sous OQTF qui ne partent pas d’elles-même soient enfermées ou assignées à résidence pour faciliter leur expulsion. En 2018, l’Etat avait déjà doublé la durée d’enfermement dans un CRA, passée de 45 à 90 jours afin que les préfectures aient davantage de temps pour faire leur sale besogne.
Faire le tri entre les gentils et les méchants
Le discours de Darmanin reprend la vieille tactique qui consiste à diviser les personnes migrantes. Hier, le gouvernement distinguait les “réfugiés” et les “migrants économiques”. Désormais le ministre de l’intérieur n’a rien de trouvé de plus pertinent que de parler de “gentils” et de “méchants”. (...)
L’État français a besoin des sans-papiers, mais il veut des travailleur-euse-s dociles. Dans la lutte contre la loi immigration, nous devons refuser la division entre les gentils et les méchants, et être solidaires de celleux qui se battent contre les conditions d’exploitation.
Créer des sans-papiers et généraliser la double-peine (...)
Le projet de loi immigration et l’augmentation des places en CRA vont de pair : l’enfermement et l’expulsion sont la punition pour celleux qui n’ont pas eu les bons papiers au bon moment. Sans les nouvelles places prévues en CRA, la loi immigration portée par Darmanin ne pourra jamais atteindre ses objectifs de systématisation de l’expulsion. Plus largement, cette loi s’inscrit dans un racisme d’Etat s’exprimant par des discours et des mesures sécuritaires ultra répressives de criminalisation des personnes sans papiers, dont les CRA sont la forme la plus aboutie. Au-delà des débats législatifs, s’opposer, retarder et bloquer les constructions de CRA sont des moyens pratiques d’empêcher l’application de la loi portée par Darmanin.