Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Le Grand Soir
Anything to say ? Introduction au livre « Ni parmi les vivants, ni parmi les morts, Ce qui attend Julian Assange »
Luk Vervaet Ni parmi les vivants, ni parmi les morts. Ce qui attend Julian Assange. À paraître chez Antidote
Article mis en ligne le 6 septembre 2022

Par cet essai, je remonte sur la chaise vide.

Avec un sentiment de gratitude et de respect pour le travail accompli par Julian Assange et ses camarades qui ont mis leur vie en jeu pour la cause de la justice. Aujourd’hui, tous sont victimes d’une justice de revanche : pour la défaite désastreuse de l’OTAN en Afghanistan, pour le déclin irréversible de l’empire américain dans le monde. Avec un sentiment d’admiration pour la poignée de militantes et de militants à Bruxelles et à Namur, qui, depuis l’incarcération d’Assange à la prison de Belmarsh en avril 2019, mènent, chaque semaine, sans interruption, une action de sensibilisation pour Assange dans les centres-villes. Tout comme les journalistes et les blogueurs, les sites comme dewereldmorgen.be, legrandsoir.info ou investigaction.net, qui n’ont jamais lâché la solidarité avec Assange.

En montant sur cette chaise, je m’imagine Julian Assange dans sa cage devant les juges ou dans sa cellule dans la prison de haute sécurité de Belmarsh.

Les textes dans cet essai, que vous pouvez lire indépendamment l’un de l’autre, parlent des extraditions, des prisons et des systèmes de détention et d’isolement développés pendant ces dernières décennies. C’est ma contribution au combat pour Assange, dans l’espoir qu’un déclic sur le système carcéral étasunien contribue à renforcer la solidarité. Le livre n’a pas de prétention académique ou historique, et encore moins d’être une œuvre complète sur les prisons aux États-Unis. Il se limite à la stricte question des prisons, à travers mes propres rencontres et expériences dans des campagnes pour des détenus. À ce sujet, on pourrait déjà écrire un autre essai sur les conséquences pour les familles ainsi que sur l’État ou encore la société carcérale qui entoure les prisons.(2)

Ce livre parle du système carcéral dans lequel survit Assange depuis trois ans, la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres. Du véritable goulag qui attend Assange aux États-Unis s’il est extradé. (...)

Je ne m’adresse pas aux autorités étasuniennes ou européennes. Et encore moins aux autorités britanniques. Elles ont toutes collaboré à la guerre en Afghanistan, à la mise sur pied de Guantanamo par les vols de transfert de personnes kidnappées en Afghanistan, à la construction de prisons secrètes de la CIA, au développement de systèmes d’expulsion et de bannissement de réfugiés. (...)
Je m’adresse aux jeunes qui pensent qu’un autre monde est possible et veulent sauver la planète de la destruction. Qui, en ce moment de la guerre en Ukraine et d’une orgie de dépenses militaires, rêvent et luttent pour un monde sans guerre, sans avidité, sans injustices, sans inégalités.

Révoltez-vous, osez lutter, prenez Julian Assange pour exemple. Je m’adresse aux journalistes qui ont encore le sens de la vérité. Aux pacifistes et activistes contre la guerre. Unissons nos voix pour sauver la vie de Julian Assange.

Cet essai se veut un remerciement à Assange et à WikiLeaks pour leur aide dans nos combats des dix dernières années. (...)

Ce livre traite des obstacles sur le chemin de la solidarité avec Assange. (...)

Cet essai veut contribuer à la création des liens de solidarité entre les différentes affaires d’extradition, de torture et de peines de prison au nom de la guerre antiterroriste. Différentes certes, mais intimement liées quant aux pratiques de non-droit, de maltraitance et de torture, dont ces prisonniers sont victimes. Ce n’est qu’en unissant nos forces, en rassemblant la multitude d’affaires dans un même combat, en associant les personnes et les familles concernées, qu’on pourra gagner une bataille contre la bête immonde. Seule une telle mobilisation internationale commune fera bouger les lignes. (...)

Assange nous ouvre les yeux sur des formes de détention et de traitement jusqu’ici le plus souvent ignorées et méconnues, aussi bien par les militants que par le grand public. Comme le dit Sharon Shalev, une spécialiste sur l’enfermement solitaire dans les prisons Supermax, dans un entretien à la fin de cet essai : je ne suis pas optimiste quant à l’évolution, mais je vois un impact positif. Il y a une solidarité aujourd’hui. La connaissance de ces prisons et de ces formes d’isolement extrême, ça peut rapprocher les gens, à l’opposé de ce que les autorités essaient de faire. Ça leur revient dans la figure comme un boomerang.

Puisse cet essai y contribuer.