
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a bloqué hier soir un avion censé transférer un groupe de demandeurs d’asile du Royaume-Uni vers le Rwanda, sur la base d’un plan annoncé de longue date par le gouvernement de Boris Johnson .
Ce dernier a l’intention de « délocaliser » vers le pays africain la gestion des réfugiés arrivant de l’autre côté de la Manche ; mais les organisations humanitaires se sont toujours opposées à ce projet. En arrachant une victoire judiciaire au dernier moment qui pourrait désormais avoir de lourdes conséquences. Le vol, pour le moment, ne serait cependant que "suspendu".
L’interpellation des juges de Strasbourg est intervenue alors que le groupe de migrants (sept au total, de nationalités diverses) se trouvait déjà à bord du Boeing qui s’apprêtait à décoller d’une base militaire de Boscombe près de Salisbury. Le départ était prévu à 22h30 (heure locale) et les espoirs de ceux qui s’apprêtaient à subir le transfert forcé vers l’Afrique semblaient s’être évanouis : quelques heures plus tôt la Cour avait rejeté le recours de certains demandeurs d’asile. Inutiles également les protestations du mouvement « Stop aux déportations » qui avait bloqué certaines sorties de l’aéroport londonien d’Heathrow pour empêcher l’embarquement d’autres migrants. Deux manifestants ont été arrêtés par la police britannique. La ministre des Affaires étrangères Liz Truss a insisté sur le fait que le programme est légal et a "un excellent rapport qualité-prix".
Puis soudain la situation s’est retournée. La CEDH a retenu l’appel d’un citoyen irakien de 54 ans qui avait demandé l’asile politique à Londres et était destiné à être transféré au Rwanda : une commission médicale, après lui avoir rendu visite, avait confirmé que l’homme avait subi des tortures chez lui. L’Irakien est arrivé en Grande-Bretagne le 17 mai. La CEDH a noté que trop peu de temps s’était écoulé pour l’examen de la demande de protection internationale. (...)
Tous les passagers qui se trouvaient sur le vol ont été rapidement débarqués après que le tribunal eut rendu sa décision. (...)