
Des centaines de migrants et de demandeurs d’asile sont couramment placés en détention par les autorités chypriotes en charge de l’immigration ; ils restent détenus dans des conditions proches de la prison pendant de longues périodes dans l’attente de leur expulsion. Parmi eux figurent des réfugiés syriens et des femmes séparées de leurs jeunes enfants.
(...) « Il est honteux de penser que, dans l’Union européenne, des personnes qui n’ont commis aucun crime sont détenues dans des conditions difficiles, semblables à celles de la prison, pendant de longues périodes pouvant aller jusqu’à 18 mois, voire plus. Amnesty International craint que Chypre n’utilise la détention systématique des migrants pour intimider et décourager les immigrants et les demandeurs d’asile potentiels », a déclaré Sherif Elsayed Ali.
Dans au moins deux cas, des femmes ont été séparées de force de leurs jeunes enfants. L’un était un bébé de seulement 19 mois, et l’autre avait trois ans. Ces enfants ont été confiés aux services sociaux.
Ces deux femmes ont indiqué que la séparation avait eu des effets catastrophiques sur leurs enfants. (...)
Il est atterrant que les lois de l’Union européenne autorisent le placement en détention de personnes qui n’ont commis aucun crime pendant une durée maximale de 18 mois. L’UE a – avec raison – critiqué la détention de longue durée sans inculpation dans d’autres pays, mais elle l’a légalisée sur son territoire. Les politiques actuelles de gestion des migrants et des demandeurs d’asile font la honte de l’Union européenne. »
Les autorités chypriotes en charge de l’immigration ont indiqué à Amnesty International qu’il existait des alternatives à la détention, mais les recherches menées par l’organisation montrent que celles-ci sont rarement proposées. Au contraire, les arrêtés d’expulsion sont émis en même temps que les ordonnances de placement en détention, sans que d’autres solutions ne soient envisagées. Les autorités chypriotes ont reconnu cet état de fait.
Avant de recourir à la détention, il faut toujours examiner les alternatives possibles. En outre, toute personne détenue pour des motifs liés à l’immigration doit bénéficier d’un contrôle judiciaire régulier et automatique de sa détention.
Depuis la dernière évaluation des conditions de détention des migrants et des demandeurs d’asile à Chypre réalisée par Amnesty International en 2011, la seule évolution positive constatée est le fait que ces personnes ne sont plus détenues à la prison centrale de Nicosie.
Lors d’une visite le 6 mars 2014, Amnesty International a par ailleurs découvert que neuf réfugiés syriens figuraient parmi les personnes détenues à Menogia. Au moins l’un d’eux avait déposé une demande d’asile. (...)
Ces conclusions nous parviennent à quelques jours d’une manifestation prévue à Bruxelles le 20 mars 2014, à l’occasion du Sommet de l’Union européenne, pour appeler les dirigeants européens à protéger les migrants et les réfugiés le long des côtes européennes. Des manifestations similaires seront organisées par les bureaux d’Amnesty International dans toute l’Europe.