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Rue 89
Amarildo, le disparu qui réveille enfin le Brésil
Article mis en ligne le 1er septembre 2013
dernière modification le 28 août 2013

Amarildo rentre chez lui après une bonne partie de pêche. C’est le passe-temps préféré de ce maçon d’un quarantaine d’années, père de six enfants. Mais Amarildo de Souza n’habite pas dans un quartier classique : il vit à Rocinha, la plus grande favela de Rio de Janeiro.

Ce jour-là, la police fait une descente. Sur le pas de sa porte, Amarildo doit suivre des agents pour « vérification ». C’était le 14 juillet. Depuis, Amarildo a disparu.

Ce n’est pas une obscure dictature, c’est le Brésil d’aujourd’hui, et c’est le quotidien des « favelados ». Même pour ceux qui habitent dans les favelas pacifiées, celles où les UPP ont été mises en place.

Mais cette fois, les habitants en ont eu marre. Marre de voir disparaître les leurs – plus de 35 000 disparus à Rio de Janeiro depuis 2007, selon l’ONG Rio de Paz.

Marre aussi de l’impunité. Amarildo est loin d’être le premier à disparaître après une rencontre avec la police. Il est devenu un symbole : tout le pays se demande où est passé Amarildo.

Les médias se penchent sur l’affaire, une vidéo fait surface. Elle montre qu’Amarildo est bien entré dans un local de l’UPP, et qu’il en est ressorti pour rentrer dans une voiture de police. (...)

Les manifestations ont commencé. Petites, sporadiques, régulières. Les affiches « Cade Amarildo ? » (Où est Amarildo ?) apparaissent un peu partout. Des graffitis aussi.

Sur Twitter, Amarildo est au centre des discussions. Le site du parti du gouverneur de Rio a même été piraté par les Anonymous pour demander « où est Amarildo ? ». Des personnalités s’engagent. Pour la fête des pères, l’acteur Wagner Moura, star du film d’action « Tropa de elite » a rendu un hommage au disparu. Et le funk carioca, la musique populaire des favelas, y est allé de sa petite chanson. (...)

Les manifestations ont aussi eu pour effet de décoincer les habitants des favelas. Dona Dulcinéa, cousine d’Amarildo jointe par téléphone, indique :

« Les manifestations nous ont aidés à nous lancer. J’ai d’abord parlé à toute la favela, puis à une association qui connaissait un avocat qui lui-même connaissait quelqu’un dans les médias. C’est comme ça que tout a commencé, maintenant il y a plein des journalistes qui viennent et les manifestations ne s’arrêteront pas. »

Les UPP ne font pas de miracles

Même dans les UPP, censées être des exemples de réussite, la violence est là. Après la disparition d’Amarildo, d’autres histoires ont commencé à circuler. (...)