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Ouest-France
Agriculture. Alerte donnée sur la concentration des fermes
Article mis en ligne le 4 juin 2020
dernière modification le 3 juin 2020

La Safer, « gendarme » des terres agricoles, constate une course à l’agrandissement des fermes favorisé par des montages sociétaires. L’élevage serait en danger faute d’une meilleure régulation.

Les céréales progressent au détriment de l’élevage. Les « grandes cultures » représentaient cinq exploitations sur dix en 2016 contre quatre sur dix en 2000.

« Des exploitations d’élevage ne trouvent pas de repreneur. Les jeunes se détournent de ces filières. » Emmanuel Hyest, le président de la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) a tiré la sonnette d’alarme, jeudi 28 mai, à l’occasion du panorama des « marchés fonciers ruraux en 2019 ». Selon lui, « l’élevage est en danger ». (...)

Les causes sont connues : l’incertitude des revenus du lait et de la viande, le coût élevé des reprises d’exploitation, les exigences sociétales (diminution de la consommation de viande), la volonté de temps libre des jeunes agriculteurs… Résultat ? L’élevage cède progressivement l’espace aux cultures céréalières. Entre 1988 et 2016, 76 % des fermes laitières ont disparu.

« En 2000, nous comptions quatre exploitations sur dix spécialisées “grandes cultures”. En 2016, c’est passé à cinq exploitations sur dix », a rappelé Loïc Jegouzo, ingénieur d’études à la Safer. « Nous nous dirigeons vers une uniformisation et un appauvrissement irréversible de nos campagnes », s’inquiète Emmanuel Hyest alors qu’un tiers des exploitants agricoles ont plus de cinquante ans et s’apprêtent à passer la main dans les dix à vingt ans.

La concentration des fermes, déjà à l’œuvre, risque de s’accentuer durant cette période. (...)

« La loi du plus fort ne doit pas prévaloir dans l’affectation des ressources les plus rares comme le foncier », insiste Emmanuel Hyest, qui appelle à une nouvelle loi foncière pour réguler ces cessions, souvent opaques, d’exploitations agricoles. (...)

Les étrangers, majoritairement européens, n’ont participé qu’à 81 acquisitions pour un montant de 43 millions d’euros. Un bilan sous-estimé, estime la Safer. Une société immatriculée en France peut très bien avoir des étrangers à son capital.