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Inequality Watch
Agir au niveau européen contre les inégalités
L’analyse de Cédric Rio de l’Observatoire des inégalités.Extrait du hors-série poche Alternatives Économiques "Les inégalités en France".
Article mis en ligne le 13 mars 2013

Le rôle de l’Union européenne dans le domaine social est réduit à la définition d’objectifs auxquels sont adossés des financements. Il importe que la lutte contre les inégalités y soit davantage affirmée, sans toutefois s’en contenter.

L’Union européenne ne peut prendre aucune décision ou réglementation dans le domaine social. Chaque Etat décide seul des politiques sociales qu’il souhaite mener au sein de son territoire. Il est donc impossible, dans l’état actuel des choses, de convenir au niveau européen d’une politique active en faveur, par exemple, d’une réduction des inégalités salariales entre les femmes et les hommes, ou des inégalités sociales.

L’Union européenne détient malgré tout un rôle important : grâce à la détermination de priorités ou d’objectifs communs, elle peut encourager les Etats et les sociétés civiles à s’orienter vers les mêmes enjeux sociaux. Pour la période 2014-2020, ceux-ci sont compilés au sein de la stratégie dite "Europe 2020".

Trois objectifs concerneront de manière transversale le thème des inégalités :
-atteindre un taux d’emploi des 20-64 ans de 75 %,
 un nombre de personnes pauvres et socialement exclues [1] inférieur à 20 millions sur l’ensemble de l’Union européenne,
 une proportion d’élèves sortant du système scolaire sans diplôme de 10 % et permettre au minimum à 40 % d’élèves d’obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur [2]
.

 La lutte contre les discriminations et les inégalités entre les femmes et les hommes constituent également des priorités mises en avant. (...)

Le thème des inégalités sociales est devenu central dans le débat public aujourd’hui en Europe. Les écarts de revenus, d’accès à l’éducation, à la santé, etc., entre les différents pays d’Europe demeurent considérables. Au sein des territoires nationaux, les inégalités d’accès aux droits sont toujours d’actualité. Mais on observe aussi depuis vingt ans une augmentation des inégalités de revenus dans les pays européens, notamment chez ceux qui étaient les plus égalitaires, la Suède et l’Allemagne en tête.

Pourtant, même si la Commission s’en défend en estimant que ce thème est transversal au sein des objectifs mis en avant, la lutte contre les inégalités sociales n’est jamais véritablement présentée comme une priorité, (...)

Les objectifs européens sont le produit d’un consensus établi entre de nombreux partenaires (Etats, associations, entreprises, syndicats, centres de recherche, lobbyistes, etc.) qui posent deux types de problème :

 D’une part, si les objectifs se focalisent sur les personnes en difficulté, ils ne s’attaquent pas aux causes profondes qui conduisent ces personnes à affronter ces difficultés. (...)

 D’autre part, ils ne posent pas directement la question de la redistribution des richesses. (...)

Une réforme des institutions européennes est nécessaire pour agir véritablement sur le plan social, mais le chemin sera long.

En attendant, dans une Europe qui n’a pas de pouvoir décisionnaire dans ce domaine, la lutte contre les inégalités sociales passe par la mise en avant d’objectifs liés à cette thématique. Il n’y a pas de solution miracle, mais on pourrait imaginer des objectifs qui prennent en considération la question de la redistribution dans son ensemble, du bas en haut de l’échelle, notamment par le biais de la fiscalité, même si les Etats demeurent très largement souverains dans ce domaine.

Comment orienter davantage l’action de l’Union européenne dans ce sens ?

  La pression des Etats est bien entendu déterminante. Paradoxalement, la crise économique majeure que nous vivons aujourd’hui, qui fait suite à une période d’enrichissement démesurée des plus aisés, pourrait être propice à une réorientation en profondeur des objectifs fixés par l’Union européenne.

 En parallèle, il faut mobiliser la société civile européenne. (...)