Un management fait « d’humiliations, de menaces et de harcèlement ». Huit anciens collaborateurs de la sénatrice de Paris Esther Benbassa (EE-LV) témoignent, dans un article publié par Mediapart, du climat de « terreur » dans lequel les a plongés l’élue. Ils parlent tous de chantages à l’emploi, de pressions et de remarques déplacées, SMS et mails à l’appui. Un épisode a particulièrement choqué.
Une ancienne membre de l’équipe de Benbassa raconte que la sénatrice lui a demandé de décaler une opération chirurgicale, pourtant urgente, mettant en avant des « priorités au bureau ». C’était au début de l’année 2020, à une époque où l’actualité parlementaire était rythmée par la réforme des retraites. Un autre ancien collaborateur affirme que l’élue lui a demandé de revenir pendant le confinement, malgré les règles de la chambre haute à ce sujet. Il y a aussi ces « changements d’humeur assez violents ». « Elle pouvait être adorable et subitement devenir exécrable et humiliante », raconte l’un de ceux qui a travaillé pour elle. Face à ce « système d’emprise », le turn-over autour de la vice-présidente du groupe écolo au Sénat est important. Le décompte de Mediapart pointe pas moins de 18 collaborateurs en deux mandats. (...)
« En accord avec le groupe, je me mets en retrait jusqu’en septembre ». Cette décision a été prise « le temps d’étudier les suites à donner conformément à notre règlement intérieur », a aussitôt précisé le groupe présidé par Guillaume Gontard.
Dans un communiqué, les sénateurs écologistes parlent de faits « extrêmement graves » qui « traduisent une grande souffrance au travail ». Un retrait temporaire donc, pour celle qui conteste l’intégralité des faits. Jusqu’en septembre, la sénatrice de 71 ans ne participera plus aux activités du groupe. A la rentrée, il faudra trancher. En fonction des éléments dont disposeront les membres du groupe parlementaire, il pourra être décidé de la réintégrer, ou au contraire de l’exclure définitivement.