
(...) Ils sont aujourd’hui 45 500 enseignants à exercer la fonction de directeur d’école. Dotés d’un minimum de deux ans d’ancienneté, ils sont nommés par leur hiérarchie. En plus de leur salaire, ils touchent une indemnité qui augmente proportionnellement au nombre de classes de l’école. Ainsi, selon les calculs du Sgen-CFDT, un professeur des écoles directeur d’une école de deux à trois classes, touchera une indemnité de 299,6 euros par mois. Dans une école d’au moins dix classes, son indemnité sera de 444,39 euros par mois. Suivant la taille de l’établissement, le directeur continue ou non d’enseigner. Il est chargé de la coordination de l’équipe enseignante sans pour autant être le supérieur hiérarchique de ses collègues. Les femmes sont largement majoritaires dans le premier degré où elles représentent environ les trois quarts des personnels de direction, tandis qu’en collèges et lycées elles ne sont plus que la moitié.
(...) En novembre 2019 le ministère de l’Éducation nationale avait organisé une consultation auprès de 29 007 directeurs d’école suite au suicide de l’une d’entre eux. L’administratif arrivait déjà en tête des tâches qui leur prenaient le plus de temps (75 %) et étaient les plus pénibles (62 %), avec la sécurisation de l’école (66 %) [2]. (...)
« Je passe ma journée à ouvrir la porte, trier la paperasse, répondre à des mails et au téléphone, remplir des enquêtes »
En quoi consistent ces tâches chronophages ? Chargé de la bonne marche de leur école, le directeur doit répertorier chaque jour les élèves absents, ceux qui restent à la cantine, seront présents pendant le temps périscolaire. En début d’année, il organise les élections des représentants de parents d’élèves, saisit les fiches de renseignements remplies manuellement par les parents, vérifie et archive les attestations d’assurance scolaire. En fin d’année, il centralise les commandes de matériel de ses collègues pour la rentrée suivante, constitue les futures classes. Il répond aux courriers papier, lit puis trie ses mails, apporte une réponse à ceux qui le nécessitent, ou les transfère à ses collègues. Il fournit des certificats de scolarité aux parents qui en font la demande. Sa hiérarchie lui demande régulièrement de remplir des enquêtes sur son école. Elles peuvent porter sur des sujets aussi variés que le nombre d’enfants arrivés en France dans l’année, les effectifs prévus, les effectifs réels, les enfants autistes, etc. Responsable de la sécurité, il doit aussi mettre à jour le « Plan particulier de mise en sûreté ». En cas de catastrophe naturelle ou d’attentat, le ministère indique que ce plan doit prévoir « la mise en œuvre des mesures de sauvegarde des élèves et des personnels en attendant l’arrivée des secours ou le retour à une situation normale ». (...)
Les directrices font l’interface avec la mairie, les parents, les collègues, la hiérarchie… (...)
Les directeurs se doivent d’être disponibles et de répondre à toutes les demandes. Cécile Rouaux parle d’un rôle « d’agent toutes mains », à qui est délégué le « sale boulot ». Elle souligne « la fragmentation et la brièveté des activités où l’imprévu, voire l’urgence, ponctue les tâches courantes. » Sabine Duran parle elle de toutes ces « petites choses qui constituent la charge mentale », chaque action entreprise étant susceptible d’être interrompue par une nouvelle demande. (...)
De la mairie dépendent aussi certains professionnels qui travaillent au sein de l’école. Avant l’heure du début de la classe, pendant la pause méridienne et après la fin de la classe, les animateurs qui s’occupent des enfants sont salariés de la mairie. C’est aussi le cas des ATSEM qui aident les enseignants au bon déroulement de la classe en maternelle. Certaines mairies décident ainsi que les classes de grande section de maternelle ont besoin d’ATSEM, d’autres non.
Une partie du budget de l’école dépend également de la mairie. (...)