
En présentant deux plans de sauvegarde manifestement irréalisables pour échelonner sa dette de plus de 400 millions d’euros à l’État, Bernard Tapie a retardé d’un an et demi le redressement et la dissolution judiciaires de ses sociétés en France et en Belgique.
“Dévoiement de la procédure” et “absence de tout contrôle”. Le ton du tribunal de commerce de Paris vis-à-vis de Bernard Tapie a manifestement changé. Le 18 janvier, il a décidé de prononcer le redressement judiciaire de la SNC groupe Bernard Tapie et de sa société financière et immobilière. Depuis que la Cour de cassation a ordonné à Bernard Tapie de rembourser les 404 millions d’euros qu’il avait touchés aux termes d’un arbitrage jugé frauduleux, l’homme d’affaires a tenté de faire échelonner sa dette grâce à un plan de sauvegarde. En juin 2017, Le Lanceur décrivait l’affaire comme une “incroyable bienveillance” de la part du tribunal de commerce. Aujourd’hui, l’approbation de ce premier plan fait l’objet d’une information judiciaire pour des soupçons d’escroquerie.
Mais qui ne tente rien n’a rien. Ainsi Bernard Tapie a-t-il présenté un second plan de sauvegarde, qui cette fois s’est fait balayer de la main par le tribunal de commerce de Paris : “Le plan numéro deux traduit toujours un dévoiement de la procédure de sauvegarde au bénéfice de M. Tapie”. (...)
Pour l’administrateur, il n’y aurait “aucune mesure raisonnablement susceptible de redresser la situation financière” de la société belge de Bernard Tapie qui, là encore, n’a aucune activité depuis plusieurs années et fait l’objet d’une procédure en faillite. Face à de “nombreuses mesures dilatoires”, le tribunal a ordonné l’exécution du jugement afin que le liquidateur puisse “commencer immédiatement sa mission”.
Coup sur coup, les tribunaux commerciaux ont donc décidé de dissoudre les sociétés belges de Bernard Tapie tandis qu’en France ses sociétés seront observées pendant six mois avant de mettre en place leur redressement. Après vingt-cinq ans d’affaires, le temps judiciaire semble s’accélérer à l’approche du procès qui s’ouvre en mars, dans lequel Bernard Tapie devra répondre des accusations d’escroquerie et de détournement de fonds publics dans l’affaire tentaculaire de la revente d’Adidas via le Crédit Lyonnais.