
Depuis deux mois, une centaine de personnes campaient devant les locaux du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés à Tunis pour réclamer leur évacuation du pays. Le mouvement de contestation avait débuté en février à Zarzis avant de se déplacer dans la capitale tunisienne. La plupart des migrants ont été relogés par l’agence onusienne en Tunisie, mettant fin au sit-in.
(...) Samedi 18 juin, les derniers demandeurs d’asile qui dormaient depuis des semaines devant le siège de l’agence pour obtenir un logement pérenne ont quitté les lieux. (...)
Des agents municipaux sont venus nettoyer la rue dans la journée et ont demandé aux derniers protestataires de libérer la zone. "Les 50 personnes qui restaient ont accepté de partir mais l’un d’entre eux a refusé et s’est montré violent", raconte la porte-parole du HCR en Tunisie, contactée par InfoMigrants. La police est alors intervenue pour l’éloigner par la force. À part cet incident, "tout s’est bien passé", affirme encore la responsable. (...)
Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) avance lui une toute autre version. "L’opération a été marquée par des actes d’évacuation forcée, des arrestations, des agressions verbales et physiques, et la dispersion de certains membres du groupe – dont des femmes et des mineurs - vers des lieux inconnus", écrit l’association dans un communiqué.
Selon le HCR, ce dernier groupe de 50 migrants ne faisait pas partie des premiers manifestants, en négociation depuis des mois avec l’agence onusienne. Ces exilés, dont la demande d’asile n’a pas encore été enregistrée - contrairement aux autres - se sont greffés aux contestataires ces dernières semaines. (...)
La contestation avait débuté en février dernier dans la ville de Zarzis, au sud de la Tunisie. Environ 200 demandeurs d’asile avaient installé leurs bagages devant les locaux du HCR, après avoir été chassés de leur logement par l’agence onusienne qui disait ne plus pouvoir subvenir à leurs besoins. "Une forte diminution de notre budget annuel, de l’ordre de 30 à 40%, nous oblige à revoir et donc à restreindre l’assistance financière et matérielle fournie aux demandeurs d’asiles et aux réfugiés", avait déclaré à l’époque Laurent Raguin, représentant adjoint du HCR en Tunisie. (...)
Mais les exilés, pour la plupart originaires du Soudan, s’inquiétaient de ne pas trouver d’appartement et d’être contraints de vivre à la rue. Au sein du groupe se trouvaient de nombreuses femmes accompagnées de leurs enfants, parfois en bas âge. Malgré des documents en règle, les réfugiés en Tunisie se plaignent régulièrement de ne pouvoir vivre dignement dans cet État du Maghreb, confronté à une crise économique et politique. (...)
Las de voir leurs "revendications ignorées", d’après les mots du militant, les réfugiés ont décidé en avril de déplacer leur occupation dans la capitale, afin d’être plus visibles et donc mieux entendus.
Les exilés réclamaient également leur évacuation dans un pays tiers. Mais la réinstallation est un processus long qui ne concerne que très peu de personnes. En 2021, seuls 76 exilés ont pu bénéficier de ce dispositif. (...)
Ceux restés sur le carreau sont bien décidés à continuer le mouvement. Ils ont organisé lundi une manifestation devant le siège de l’organisation à Tunis pour demander un hébergement. Mais les autorités leur interdisent de se réinstaller sur place, mettant en avant des questions sanitaires.