
La préfecture du Val-de-Marne a demandé l’expulsion des 200 occupants d’un bâtiment de Thiais, occupé depuis octobre 2021. Majoritairement sans-papiers, et originaires d’Afrique de l’Ouest, les familles qui vivent dans cette ancienne résidence pour personnes âgées craignent un retour à la rue à défaut d’une solution d’hébergement pérenne.
Ils se disent "désespérés". Les occupants du squat de Thiais, dans le Val-de-Marne (région parisienne), sont sommés de partir avant le lundi 3 juillet. C’est via un "commandement de quitter les lieux" remis par un huissier de justice que les 200 exilés ont appris la nouvelle, jeudi 29 juin. "En vertu d’une ordonnance rendue par le juge des référés du tribunal administratif de Melun […] je vous fais commandement de quitter et vider le 30 rue des Baudemons […] et ce, au plus tard le 3 juillet 2023", peut-on lire sur le document.
Une douche froide pour Lassina, père de famille, occupant une chambre au 2e étage du squat de Baudemons. "Qu’est-ce qu’on va faire ?", répète-t-il au téléphone. Lassina vit là avec sa femme et son nourrisson de quatre mois depuis l’ouverture du lieu, en octobre 2021. "On va aller où lundi ? Ca risque d’être difficile. On était bien ici. C’était propre, c’était vivable. On respectait les lieux". (...)
Le bâtiment occupé par quelque 200 personnes, majoritairement sans-papiers et originaires d’Afrique de l’Ouest, n’est pas insalubre. L’expulsion n’a d’ailleurs rien à voir avec la vétusté des lieux, mais avec sa surpopulation. La mairie de Paris, propriétaire des lieux, s’inquiète d’un trop-plein. Elle reconnaît que le site est bien entretenu comparé à d’autres mais que sa capacité maximale a été dépassée depuis longtemps. Le bâtiment, ancienne résidence pour personnes âgées, ne compte que 90 chambres (prévu pour une seule personne). (...)
Aujourd’hui, l’État met donc en application la décision de justice rendue par le tribunal administratif de Melun le 5 janvier 2022, dans lequel les risques d’incendie et la dangerosité du bâtiment étaient déjà notifiés. "La mesure d’expulsion demandée par le Centre communal d’action sociale de la ville de Paris présente un caractère d’urgence", arguait déjà le tribunal l’année dernière.
Les occupants refusent de quitter les lieux
Reste que les occupants refusent de quitter les lieux. Aucun n’a rassemblé ses affaires. "On a décidé de ne pas bouger", explique Lassina. "On a peur, mais on a décidé de rester". Les exilés prévoient de tenir une réunion dans la soirée du 30 juin sans trop savoir quelles options s’offrent à eux. (...)
La plupart des habitants ont été déboutés de leur demande d’asile. Une situation administrative qui ne leur permet pas de chercher un logement dans le parc locatif privé ou social, ni de chercher du travail.
Selon des informations obtenus par InfoMigrants de la préfecture, les services de l’État préparent actuellement les futures mises à l’abri des migrants, une fois délogés. "Les capacités d’accueil étant saturées en Île-de-France, les personnes seront envoyées en province", a prévenu la préfecture.