
Les opposants au « grand contournement ouest » (GCO) ne l’attendaient plus : le 20 juillet, le tribunal administratif de Strasbourg a enfin rendu public son jugement concernant ce tronçon d’autoroute de vingt-quatre kilomètres, donnant majoritairement raison aux plaignants
Les recours ont été déposés en septembre 2018, au début du chantier titanesque. Ils étaient dirigés contre les arrêtés préfectoraux autorisant les travaux. Selon Alsace Nature, ces derniers ne sont pas légaux. En théorie, le tribunal administratif donnant raison aux écologistes, il devait suspendre les arrêtés d’autorisation, et donc le chantier. Problème : le GCO est aujourd’hui construit à 90 %. D’après le jugement, « les travaux très avancés » ne permettent pas la suspension du chantier. « Si la décision était tombée plus tôt, cela aurait pu conduire à une annulation des arrêtés. Mais Vinci n’a pas eu besoin d’attendre le verdict du tribunal pour commencer les travaux. C’était tout à fait envisageable pourtant », a indiqué Me Zind. Devant l’assemblée, attentive, l’avocat a détaillé les conclusions des magistrats :
« Pour résumer, ils nous donnent raison en reconnaissant des insuffisances concernant les études d’impact sur la qualité de l’air, la santé humaine, les espèces protégées, les sols et les sous-sols. Et il n’y a pas assez de connaissances sur les évolutions du trafic routier. Seul notre recours sur les travaux préparatoires n’a rien donné. » (...)
Le tribunal administratif donne maintenant dix mois à l’État pour rédiger de nouveaux arrêtés et régulariser la situation. Dans ce laps de temps, toutes les études manquantes doivent être réalisées, et une enquête publique sur les points concernés par les insuffisances doit être réorganisée. Les juges rendront ensuite leur décision finale. L’exploitation du GCO était prévue pour janvier 2022, mais aucune voiture n’y circulera avant mai 2022 minimum : il faudra pour cela que la justice donne une décision favorable. À moins que l’État ne tente de faire appel devant la cour administrative de Nancy dans un délai de deux mois. Une démarche risquée parce qu’elle « pourrait aussi aboutir sur une prolongation du processus », selon Me Zind. (...)
« En plus d’avoir détruit des forêts centenaires, cette autoroute aura de graves conséquences à long terme. Sa fonction première est d’être un couloir à camions. Elle risque de provoquer l’afflux de dizaines de milliers de poids lourds supplémentaires en Alsace, où l’air est déjà très pollué. Nous interpellons les élus pour obtenir une écotaxe, et limiter ainsi l’afflux de camions, et donc les effets néfastes du GCO. » (...)