
Avec l’aide d’associations et d’avocats, la place de la République avait été occupée par des exilés laissés à la rue après la fermeture du camp de Saint-Denis. Les forces de l’ordre ont violemment évacué le campement dans l’heure.
Le dispositif – des tentes et des couvertures – n’aura tenu qu’un peu plus d’une heure avant d’être mis à sac par les forces de l’ordre, place de la République. Sous l’oeil impuissant de dizaines d’élus, d’avocats et de journalistes, tous pris à partie pendant une soirée marquée par des violences au coeur de Paris. Les vidéos et images de policiers secouant des tentes pour en faire tomber leurs occupants – des exilés privés d’hébergement –, de croche-pieds injustifiés et de matraquages ont même conduit le ministre de l’Intérieur à réagir en fin de soirée pour accorder cette fois du crédit aux images filmées d’une opération policière en pleine polémique sur la proposition de loi pour la sécurité globale. (...)
« Certaines images de la dispersion du campement illicite de migrants place de la République sont choquantes. Je viens de demander un rapport circonstancié sur la réalité des faits au Préfet de police d’ici demain midi. Je prendrai des décisions dès sa réception », a fait savoir Gérald Darmanin. (...)
Les tentes avaient été installées là par les associations d’aide aux migrants. « Ce sont celles des personnes qui auraient dû être relogées et qui ne l’ont pas été à l’issue de l’évacuation de mardi [17 novembre, à Saint-Denis, ndlr] », explique-t-on à Utopia 56, à l’origine de cette action que l’on veut volontairement forte. « On crée un campement au centre de Paris », ont expliqué les associations de concert. (...)
Parmi les laissés pour compte, principalement des hommes, jeunes, originaires de pays d’Afrique subsaharienne et d’Afghanistan et, pour la plupart, épuisés par leurs nuits d’errance en petits groupes dans le nord de Paris, entre la porte de la Chapelle et la gare Rosa Parks. « La police nous chasse partout où on s’installe, on veut seulement dormir dans un endroit sûr », affirme Fazal, un Afghan d’une trentaine d’années présent sur place. Au moment de déplier les tentes, les associations promettaient d’y rester « jusqu’à temps qu’on leur donne une solution d’hébergement ». (...)
Rapidement, sous les cris des manifestants et des associations, les policiers s’en sont pris aux tentes, les arrachant du sol. Comme un symbole, là encore, des violences subies ces derniers jours par les exilés. « On ne savait pas exactement à quoi s’attendre, on a essayé de faire bloc avec les élus et les avocats », assure-t-on à Utopia 56 où l’on regrette de voir ces personnes dormir de nouveau à la rue lundi soir. (...)
A la mairie de Paris, Ian Brossat a affirmé dans Libération vouloir mettre à disposition le parc des expositions de la porte de Versailles et l’espace Champerret pour les héberger en urgence : « Nous avons transmis tous les détails à la préfecture qui est commanditaire. »
En attendant, la police a dispersé la foule d’exilés et de bénévoles de la place de la République au gaz lacrymogène avant de les poursuivre dans le centre de Paris dans des scènes d’une rare violence. (...)
« On ne répond pas à la misère par la matraque. La mise à l’abri des migrants du campement de Saint Denis restés à la rue est urgente, indispensable, indiscutable. Il en va de l’honneur de la République française », a regretté lundi soir sur Twitter Delphine Rouilleault, directrice générale de France Terre d’Asile. « Refugiés harcelés, élus nassés et empêchés de se rendre… Place de l’Hôtel de Ville. Voilà où nous en sommes. Honte. », a estimé de son côté Ian Brossat, présent sur place.
Jusque tard dans la nuit, les migrants ne sachant où dormir ont été escortés hors de la capitale par les forces de l’ordre, notamment à Aubervilliers. Depuis plusieurs mois maintenant, les associations présentes sur le terrain dénoncent la répression policière dont elles se disent victimes partout où elles opèrent. Les scènes vécues ce soir, sous le ciel de Paris, en sont la triste preuve.
Quelles explications ? On veut des sanctions administratives et judiciaires pour l'auteur sa hiérarchie et son ministre de tutelle.
— Greg (@hovohyso) November 24, 2020
Lire aussi
– (reportage détaillé) :
À Paris, la police expulse un camp d’exilés et les pourchasse dans les rues
Résumé de la soirée :
- des migrant•e•s violenté•e•s
- des journalistes agressé•e•s
- des élu•e•s obstrué•e•s
- la loi #SécuritéGlobale pas encore adoptée..Bienvenue en macronie. https://t.co/kfYFIKBZ9H
— Attac France (@attac_fr) November 24, 2020
Elles sont choquantes depuis 2ans avec votre préfet fascisant Lallement qui a choisi un camp, celui de la violence & du chaos contre la loi & la paix civile.Vous continuez la même pente de l'escalade autoritaire injustifiable.Retirez votre loi #SecuriteGlobale , limogez Lallement https://t.co/zM9Mj5GvoQ
— Loïc Prud'homme (@PrudhommeLoic) November 24, 2020
Les violences sur des avocats et sur des membres du Conseil de l’Ordre sont inadmissibles ! Nous saisissons immédiatement @GDarmanin et @prefpolice. Le devoir des forces de l’ordre c’est d’encadrer sans violence des manifestations pacifiques de citoyens. https://t.co/XNH9PkhFs8
— Bâtonnier de Paris (@batonnierparis) November 24, 2020
Dans quelle "démocratie" confisque-t-on les tentes de ceux qui ont froid en les laissant dehors ? Et après, on va évoquer le souvenir de l'Abbé Pierre ? Le pauvre homme vous aurait craché à la gueule ! https://t.co/sQ1axpTifW
— Gael Briand (@GaelBriand) November 24, 2020
Pendant que des policiers jettent au sol des migrant·e·s, le syndicat @PoliceSynergie s'en prend à la "violence des militants altermondialistes".
Pendant que vous attisez la haine, nous défendons la solidarité. Chacun ses combats... https://t.co/YaAHdFVXu8
— Attac France (@attac_fr) November 24, 2020
Macron avait promis qu'avant fin 2017 plus personne ne dormirait dans la rue.
En 2020 il envoie la police confisquer les tentes de centaines de réfugiés place de la République, leur seul moyen de dormir avec un semblant de dignité, tout en les matraquant et les gazant.
— Jean Hugon (@JeanHugon3) November 23, 2020
Depuis de nombreuses années, avec nos partenaires @lacimade @MSF_france @caritasfrance @MdM_France nous dénonçons des faits similaires dans le Nord de la France ou à la frontière franco-italienne : évacuations quotidiennes, harcèlement policier, non-respect des droits humains.
— Amnesty France (@amnestyfrance) November 24, 2020
PARIS, LA NUIT DE LA HONTE
Des images immondes de violences sur les exilés #République. De nouvelles violences policières sur les journalistes. Récit et témoignage de @RemyBuisine de @brutofficiel, lui aussi molésté au passage : https://t.co/rJJovE2tNK
images : @T_Bouhafs
— Là-bas si j'y suis (@LabasOfficiel) November 24, 2020
VIDÉO - La délégation a décidé de quitter la réunion. Ils veulent désormais discuter avec le @JeanCASTEX.
Des manifestations sont prévues ce samedi. #Article24 #LoiSecuriteGlobale pic.twitter.com/4aq27MgITk
— Clément Lanot (@ClementLanot) November 23, 2020
« DARMANIN SE FOUT DE NOUS »
La délégation composée de la @LDH_Fr, @amnestyfrance, @REC_Collectif, de la famille Chouviat et des syndicats de la profession ressort très amère de la rencontre avec #Darmanin sur la #PPLSecuriteGlobale.@T_Bouhafs explique : #StopLoiSecuriteGlobale pic.twitter.com/Pfg3PR7qZF
— Le Média (@LeMediaTV) November 23, 2020
David Dufresne @davduf s'exprime à la suite de son entretien avec @GDarmanin à Beauvau pic.twitter.com/JBXioeMgBr
— HORS-ZONE PRESS (@HZ_Press) November 23, 2020