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A Mossoul, les "mères de la place Minassa" veulent connaître le sort de leurs disparus
Article mis en ligne le 14 juin 2018

Chaque vendredi, depuis la libération de Mossoul des griffes des jihadistes en juillet 2017, des Irakiennes se réunissent place al-Minassa, pour connaître le sort de leurs proches disparus.

Vêtues de noir, accompagnées de leurs enfants et de quelques hommes, brandissant les photos des "absents", leur mobilisation ressemble à celle des "Mères de la place de mai", dont les enfants avaient "disparu" durant la dictature militaire argentine (1976-1983)

Quand le Premier ministre sortant Haider al-Abadi a visité Mossoul en mars, elles ont tenté de l’approcher avant d’être repoussées par sa garde rapprochée.

Chacune a vécu un drame. Le 25 novembre 2016, des jihadistes sont entrés chez Chaïma et ont enlevé son mari. Cette mère de six enfants espérait le retrouver à la "libération" de Mossoul. Mais Ali Ahmad, découvert par les troupes irakiennes croupit en prison.

Ce policier aujourd’hui quadragénaire a été raflé, comme des milliers d’autres Irakiens notamment ceux appartenant aux forces de l’ordre, par le groupe Etat islamique (EI) qui pendant trois ans avait fait de la cité du nord irakien sa "capitale".

Quand les troupes ont pénétré dans l’ouest de la ville, "il a été utilisé avec d’autres prisonniers comme bouclier humain" par les jihadistes, assure son épouse, 38 ans, en voile et robe noirs.

Dans le chaos, "les troupes l’ont arrêté car il n’avait aucun papier d’identité et une imposante barbe poussée pendant sa détention par l’EI", poursuit cette femme au foyer, qui parle avec conviction, malgré les larmes qu’elle refoule. (...)

Des responsables des forces de sécurité ont assuré à l’AFP que les familles de toutes les personnes arrêtées à Mossoul avaient été informées.

La justice a de son côté récemment tranché : "deux ans sans nouvelle d’une personne disparue dans un contexte de terrorisme suffisent à prononcer officiellement son décès", selon un arrêt la Cour de cassation.

"Un bon nombre des disparus ont été exécutés par l’EI et leurs cadavres ont été jetés à Khafsa", affirme à l’AFP Sami Fayçal, qui dirige l’Organisation unie des droits de l’Homme à Mossoul.

Ce lieu tristement célèbre, dont le nom signifie "gouffre" en arabe, pourrait être l’un des plus grands charniers d’Irak car l’EI avait fait de cet endroit, creusé selon la légende locale par la chute d’une météorite, un site d’exécution.

Jusqu’à présent, ce militant des droits de l’Homme dit avoir recensé, sur la base des témoignages des familles, "1.820 disparus, hommes et femmes. Parmi ces "militaires, fonctionnaires, journalistes, militants et autres, originaires de Mossoul et de ses environs", impossible de déterminer combien pourraient encore être en vie.(...)