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A Marseille, « une serviette en sang sur la mâchoire, elle criait : "Ils m’ont visée !" ». 80 ans, morte le lendemain à l’hôpital :
Article mis en ligne le 4 décembre 2018

Blessée dans son appartement par des éléments d’une grenade lacrymogène tirée depuis la rue samedi, une femme de 80 ans est morte le lendemain à l’hôpital. (...)

Zaineb Redouane était encore consciente quand les pompiers sont venus la secourir. Vers 18 heures, quand Adla a grimpé l’escalier, alertée par les cris des voisins, sa voisine, âgée de 80 ans, était assise sur les marches, parlant au téléphone à son fils. « Le sang coulait beaucoup, elle était blessée au visage », raconte Adla. Vraisemblablement par des éléments d’une grenade lacrymo (...)

Il est environ 18 heures quand les affrontements éclatent près de la rue des Feuillants. D’après les voisins de la victime, celle-ci leur aurait raconté qu’elle avait voulu fermer ses volets pour se protéger lorsqu’elle a reçu au visage des éclats. « On a retrouvé chez elle des plots de grenades », a confirmé lundi le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, précisant qu’« à ce stade, on ne peut pas établir de lien de cause à effet entre la blessure et le décès ». Une enquête a été ouverte et les policiers ont déjà entendu lundi Nadja, résidente qui s’est déplacée la première dans l’appartement de la victime. « Quand je suis arrivée, témoigne-t-elle à Libération, elle sortait de la salle de bain une serviette en sang sur la mâchoire. Elle criait : "Ils m’ont visée, ils m’ont visée !" L’appartement était rempli d’une fumée noire. Elle m’a raconté que deux policiers en tenue se trouvaient sur le trottoir d’en face de la Canebière et lui ont tiré dessus. »

Les commerces voisins ont eux aussi subi de plein fouet les jets de lacrymo. « Les gens s’étouffaient, on les a fait entrer dans le restaurant pour fermer les portes, raconte Nadia, qui travaille au snack au pied de l’immeuble. Les CRS étaient postés sur le trottoir d’en face, ils tiraient droit sur nous, alors que les manifestants étaient un peu plus haut. » Une version que conteste Jean-Marie Allemand, secrétaire régional du syndicat de policiers Alliance (...)

Une autopsie a été pratiquée lundi. « Que ce soit l’éclat qui l’ait menée à l’hôpital, cela semble ne pas faire de doutes, poursuit Jean-Marie Allemand. Mais est-ce que sa mort n’est pas due à un problème opératoire, du fait de son grand âge ? » Dans la pharmacie de la rue des Feuillants, on connaissait bien la victime. « Elle était diabétique et cardiaque, elle portait un pacemaker, confirme Aimée Senior, la pharmacienne. Mais elle était très bien. Peut-être qu’elle n’a pas supporté le stress du choc. En tout cas, ce n’est pas sa maladie qui l’a tuée. »