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Le Monde
A Marseille et Vitrolles, des écoles se mobilisent pour loger leurs élèves roms
Article mis en ligne le 21 mai 2017

La reprise des expulsions de famille en avril a renvoyé à la rue des enfants qui étaient scolarisés depuis l’automne 2016.

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PUBLIÉ LE 19.05.2017 À 12H06
A Marseille et Vitrolles, des écoles se mobilisent pour loger leurs élèves roms
Par Gilles Rof
La reprise des expulsions de famille en avril a renvoyé à la rue des enfants qui étaient scolarisés depuis l’automne 2016.

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Corine Lefort cache des billets au creux de sa main. « Qui a la caisse ? », demande, presque paniquée, la directrice de l’école élémentaire de la montée des Accoules, au cœur du Panier à Marseille (2e). « Jamais je n’aurais cru que les gens seraient si généreux », poursuit-elle, au bord des larmes. Sur l’élan, l’enseignante, 58 ans, claque la bise à Djamel Larbi, un parent d’élève. Patron d’un des bars du quartier, l’homme vient de donner une enveloppe contenant 250 euros, récoltés lors d’un concert de solidarité. « Je suis un immigré arrivé à Marseille en 1970, je sais par où passent ces gens », glisse le quinquagénaire né en Algérie.

Depuis deux semaines, l’école des Accoules et une partie du Panier, le plus vieux quartier de la ville, juste au-dessus du Vieux-Port, se mobilisent pour aider une famille rom dont les trois enfants sont scolarisés dans l’établissement depuis octobre 2016. Promis à la rue deux jeudis auparavant, Dolari, 10 ans, Narghita, 8 ans, Sonia, 6 ans, et leurs parents, originaires de Roumanie, dorment désormais dans un meublé, que le père d’un élève a débusqué.

La propriétaire de l’appartement a aménagé ses tarifs, en attendant l’arrivée des touristes de l’été. (...)

Selon l’association Ecole au présent, qui s’acharne à scolariser dans la ville les enfants roms vivant dans des squats, bidonvilles ou caravanes, la reprise des expulsions en avril a brutalement coupé plusieurs dizaines d’élèves des établissements qui les accueillaient. (...)

« Personne n’a de solution »

A Vitrolles, à trente kilomètres de là, c’est une mère et ses six enfants, d’origine croate, que les enseignants de l’école Raimu soutiennent. Quatre fréquentent l’établissement, situé dans le quartier populaire de la Frescoule, depuis le début de l’année scolaire. Expulsée de son campement courant avril, la famille a séjourné dans un hôtel, avant de se retrouver à la rue. « On le pressentait, raconte Magali Liprandi, directrice par intérim de l’école. Nous avons alerté les pouvoirs publics, mais personne n’a de solution. Un parent d’élève nous a prêté une tente et nous l’avons installée dans un champ à proximité. »

Depuis le début de la semaine, les enfants prennent leur douche à l’école et sont raccompagnés tous les soirs par les enseignants. (...)

Le maire FN du 7e secteur, Stéphane Ravier, candidat aux législatives, a salué sur Twitter l’évacuation du camp de la Rose (13e) comme « une victoire après deux années de mobilisation ». (...)

A l’école des Accoules, des sacs de couchage attendent dans un coin de la salle des maîtres. « Notre inspecteur nous a précisé que la ligne à ne pas franchir était d’héberger la famille dans l’établissement, rappelle Corine Lefort. Mais, s’il n’y a plus que cette solution, nous le ferons. »