
Avec la cinquième vague, le protocole sanitaire fixé pour la rentrée des classes a fait naître une course folle au dépistage. La saturation des laboratoires a même chamboulé le planning des opérations à l’hôpital de Blois.
Dans une pièce remplie de chaussettes de contention, Olivier Gozé, gérant de la pharmacie des Trois Clés, à Blois, dépiste le Covid à la chaîne. Ce pharmacien pratique le test antigénique nasopharyngé sur réservation en ligne, via Doctolib. Des créneaux sont proposés toutes les cinq minutes. Mais en ce moment, le temps d’attente est de trois jours et demi. Le pharmacien accepte certains profils sans rendez-vous, comme les accompagnateurs d’un proche aux urgences ou les personnes âgées avec des symptômes. (...)
Non loin, sur la place de la Résistance, une file de 80 personnes progresse lentement vers l’entrée d’un laboratoire surveillé par un vigile. Le temps d’attente dépasse les deux heures. L’établissement propose des tests PCR sans rendez-vous ce samedi, de 8 heures à 13 heures. Il est le seul de la ville disposant de tests salivaires, en quantité limitée mais plébiscités pour les plus petits. Le prélèvement s’effectue tantôt à l’aide d’un grand coton-tige sous la langue, tantôt par crachat, pour atténuer le traumatisme.
À part ce vieil homme qui tousse et transpire en expliquant avoir dîné avec sa sœur, qui s’est avérée positive, ou cette dame en vison soutenue par son aide à domicile, la majorité des candidats au dépistage sont donc des enfants cas contacts avec un parent. Ces élèves devront se tester également à la maison à J+2 et J+4, cette fois-ci grâce à des autotests délivrés en pharmacie sur présentation du premier test. (...)
Jérôme a appelé une bonne dizaine de pharmacies à travers l’agglomération, avant de se rabattre sur ce laboratoire de ville, sans rendez-vous. « Moi, je travaille à l’hôpital. Même si le service de réa n’est pas saturé, avec quatre lits occupés depuis deux semaines, le personnel, lui, est épuisé et les arrêts nombreux. Alors on ne se libère pas comme ça. Blanquer pense que nos enfants peuvent se faire dépister sur un claquement de doigts, mais ici, c’est vraiment la jungle ! »
Quelques mètres plus loin, une maman, visiblement inquiète, se pose beaucoup de questions (...)
« Un de ces labos avait 300 dossiers PCR en retard, faute de secrétaires en nombre suffisant » Anne, qui devait se faire opérer le 4 janvier (...)
« Mais après le pont du 31, il y avait tellement de demandes ! Or les labos ne font pas de différence de traitement entre le test nécessaire pour l’opération chirurgicale du lendemain et le test de contrôle pour mamie qui a vu ses petits-enfants pendant les fêtes. »
Son résultat, comme celui d’autres patients, était prévu pour lundi 21 heures mais n’est arrivé que mardi à 11 heures du matin. « Donc j’ai attendu, en tenue de bloc opératoire, téléphone à la main, pendant quatre heures, que le fichu résultat arrive. J’ai vraiment cru devoir me rhabiller et reporter l’opération. Les infirmières attendaient les fax des labos, les appelaient régulièrement, semblaient très agacées. Un de ces labos avait 300 dossiers PCR en retard, faute de secrétaires en nombre suffisant ! Le programme des opérations a donc été modifié selon que le patient avait le résultat de son test PCR ou pas. J’ai vu des patients refoulés et très en colère. » (...)