
Depuis samedi, environ 250 personnes, dont de nombreuses femmes enceintes et très jeunes enfants, vivent dans un campement aux abords du parc des Guilands, à Bagnolet, en banlieue parisienne. Face à des services d’urgence saturés, elles dorment depuis des mois à la rue, et n’en peuvent plus. Elles ne veulent plus se cacher, ne veulent plus remballer leurs tentes chaque matin et réclament des hébergements pérennes.
À cheval sur Montreuil et Bagnolet (Seine-Saint-Denis), le parc des Guilands est écrasé de chaleur, ce mardi 12 juillet. Au niveau de la rue de l’Épine, un pont végétalisé permet d’enjamber la route qui passe au milieu du parc. Au-dessus du pont, sur les pelouses, des familles cherchent un peu de fraîcheur à l’ombre des arbres et profitent des vacances. Sous le pont, sur le macadam, il n’est pas question de fraîcheur. Mais l’ombre du pont est préférable aux tentes dont la toile semble ramollir sous l’effet du soleil.
Environ 250 personnes vivent dans dans ce campement, sous tente, depuis samedi. Essentiellement des familles, certaines avec des nourrissons, et des femmes enceintes parfois proches du terme. (...)
Certaines familles dorment en réalité au bord de cette route depuis un mois et demi, dans le cadre des mises à l’abri provisoires que propose l’association Utopia 56 aux familles sans hébergement. "Généralement, on récupère les tentes et les couvertures le lendemain matin. Mais après la manifestation de samedi, les familles ont décidé de rester à Bagnolet de manière fixe", explique Pierre Mathurin, coordinateur de l’association à Paris. Plus de ramassages chaque matin. (...)
Places vacantes
Plusieurs ONG et associations d’aide aux migrants, dont Utopia 56, Médecins du monde, Pantin solidaire ou encore le collectif Solidarité migrants Wilson, ont appelé à manifester samedi entre le centre d’accueil destiné aux Ukrainiens, porte de Versailles, et la préfecture d’Ile-de-France "pour demander à l’État de mettre à disposition des familles à la rue les lits vides dans ce centre". Selon Pierre Mathurin, "entre 300 et 500 places sont laissées vacantes chaque nuit" dans le centre de la Porte de Versailles.
À la suite de la manifestation, les familles ont donc décidé de changer de stratégie et de se rendre visibles, dans l’espoir d’être hébergées.
(...) "Il y a des gens qui sont là depuis des mois et qui n’ont pas de logement. Et les Ukrainiens arrivent et tout de suite, ils ont des logements. C’est injuste", s’indigne-t-elle. Et de demander : "S’il y a des places d’hébergement vides, pourquoi on est à la rue ?"
Depuis samedi, les familles du campement vivent grâce à la solidarité des habitants du quartier qui s’arrêtent régulièrement pour déposer au bord de la route des packs de bouteilles d’eau et de la nourriture. Mais l’accès à l’eau et à des sanitaires reste insuffisant. Les toilettes publiques du parc des Guilands ne suffisent pas.
"Le campement a vite grossi et le maire de Bagnolet commence juste à mettre le nez dedans, déplore Pierre Mathurin. Son adjoint nous a dit que sa position était de s’opposer à une évacuation sèche et d’interpeller la préfecture de région".
La canicule des jours prochains risque d’être particulièrement difficile à supporter pour les familles. (...)