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« Vous pensez qu’il y a encore des trucs qui vont sortir ? » : Bayrou dans la tourmente
#Betharram #Bayrou #Mediapart #enseignementprive #viols #agressionssexuelles #malatraitances
Article mis en ligne le 20 février 2025
dernière modification le 19 février 2025

Le premier ministre a de nouveau affirmé, mardi 18 février, qu’il ne savait rien des accusations de violences sexuelles qui pesaient sur Notre-Dame-de-Bétharram. Il tente désormais de détourner l’attention sur la gauche, au pouvoir en 1997. Dans le camp présidentiel, la fébrilité grandit à mesure que l’affaire prend de l’ampleur.

(...) Ainsi va désormais la vie publique de François Bayrou, interrogé à deux reprises à l’Assemblée nationale mardi 18 février sur l’affaire Notre-Dame-de-Bétharram, en attendant de l’être à nouveau, au Palais-Bourbon puis au Sénat, mercredi. (...)

La suite est pire encore pour le premier ministre, englué dans ce que le député de La France insoumise (LFI) Paul Vannier a appelé mardi un « scandale d’État ». Son déplacement, samedi 15 février, à Pau (Pyrénées-Atlantique) a été tout entier consacré à éteindre l’incendie. En vain. L’initiative ne devrait pas être rééditée : aucun déplacement ne figure à l’agenda de François Bayrou cette semaine.

Chaque jour, les communicants de l’exécutif scrutent le « bruit médiatique », les gros titres, ce qui retient l’attention des grands médias. Avec l’espoir assumé que tout cela finisse par retomber, aidé par les vacances scolaires et le flot de l’actualité. Là encore, c’est raté. (...)

Bayrou enfermé dans le mensonge

En plus de l’accumulation des faits, chacune des prises de parole de François Bayrou agit comme un catalyseur de la crise politique. En affirmant qu’il n’a « évidemment jamais, au grand jamais, été informé de quoi que ce soit en matière de violences, a fortiori de violences sexuelles », le chef du gouvernement s’est enfoncé seul dans une impasse, celle du mensonge, aux allures de piège. Dans les jours qui ont suivi cette déclaration, les témoignages du juge Mirande, d’un gendarme chargé des investigations, d’anciens élèves et enseignant·es de l’établissement ont mis à mal la ligne de défense de François Bayrou, jusqu’à la rendre intenable. (...)

Si ce n’est lui, c’est donc la gauche

Le deuxième étage de la défense de Matignon est habité par la rhétorique classique de la victimisation. « Je veux bien que Bayrou soit à abattre mais là, ça va loin, s’insurge un proche. C’est une cabale et c’est tout. » À l’Assemblée nationale, mardi, le premier ministre a fait parler les victimes qu’il a rencontrées samedi, jurant qu’elles « détestaient la récupération politique qui est en train d’être faite et qu’[elles] trouvaient ça haïssable ». (...)

« Je pose la question à mon tour : qu’est-ce qui a été fait après [ces] signalements ? », a lancé François Bayrou en direction du groupe socialiste, citant nommément Élisabeth Guigou, alors ministre de la justice, Claude Allègre, à l’Éducation nationale, et Ségolène Royal, chargée de l’enseignement scolaire.

Quelques minutes seulement après la séance de questions au gouvernement, BFMTV a confirmé que la garde des Sceaux de l’époque avait été prévenue à trois reprises entre 1998 et 2000 ; une information immédiatement relayée par plusieurs soutiens de François Bayrou. « Scandalisée par les attaques » du premier ministre, Ségolène Royal a fait savoir sur X qu’elle envisageait une action judiciaire pour dénonciation calomnieuse. (...)

En 1997, le ministre Bayrou demandait à informer le président Bayrou

La manœuvre est d’autant plus risquée que le chef du gouvernement a signé, deux semaines avant son départ du ministère de l’éducation nationale en 1997, une circulaire visant à préciser les règles à suivre en cas d’affaires de pédocriminalité, alors que celles-ci se succédaient à l’époque dans l’actualité. Dans celle-ci, le ministre Bayrou rappelle notamment qu’au niveau départemental, « le président du conseil général est responsable de la politique de prévention des mauvais traitements à l’égard des mineurs ».

En conséquence, les administrations et les personnels du ministère se voient enjoints de « saisir le président du conseil général » dans chaque cas de « présomption de maltraitance » et de « l’informer », en cas d’urgence, de la saisine du procureur de la République. François Bayrou était président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques de 1992 à 2001. (...)