
Pour la première fois, une étude comparative des groupes bancaires français les met face à leurs responsabilités sociales, environnementales et fiscales. Pour cette enquête, 60 Millions de consommateurs a recueilli et traité des données parfois inédites issues du travail des ONG, des autorités de contrôle, de chercheurs, et des établissements eux-mêmes, auxquels les résultats ont été soumis.
Ces résultats permettent de classer les banques sur la base d’indicateurs liés à des questions révélatrices de leurs stratégies : comment sont traités les clients les plus fragiles ? Quelles sont la politique de rémunération des dirigeants et la part des femmes dans la gouvernance ? Financent-elles directement ou indirectement des activités nuisibles à l’avenir de l’humanité, comme la déforestation ou l’exploitation de nouvelles sources d’énergies fossiles ?
Nous avons également établi un classement du « laxisme » à l’égard de la lutte contre le terrorisme, la corruption et le blanchiment d’argent, en récapitulant toutes les amendes infligées par les autorités de contrôle du secteur financier pour ces motifs.
Toutes ces données nous ont permis de comparer les pratiques des différentes banques. Nous publierons dans les semaines qui viennent une série d’articles revenant sur chacun de ces thèmes.
Un bilan calamiteux pour quatre grands groupes bancaires
D’ores et déjà, le constat fait apparaître de fortes disparités entre établissements. Le bilan global est particulièrement calamiteux pour les quatre principaux groupes français : le Crédit agricole, la Société Générale, BNP Paribas et, dans une moindre mesure, le groupe BPCE (Banque populaire-Caisse d’épargne). (...)
Encore un petit effort !
Il existe, fort heureusement, des établissements plus recommandables. En premier lieu, le Crédit coopératif – bien que membre du groupe BPCE – est digne de son slogan « une autre banque est possible », même si l’on constate un taux de démission et de turn-over élevé chez ses employés. De même, le Crédit mutuel Arkéa peut être fier de son bilan, vertueux en tout point, à l’exception peut-être des frais infligés aux plus fragiles.
Enfin, la Banque postale est elle aussi conforme aux valeurs qu’elle affiche. Elle le serait presque totalement si elle n’avait pas été sanctionnée lourdement pour avoir exécuté, durant des années, des opérations de clients dont les avoirs étaient gelés en raison de leur implication dans des activités terroristes ou des violations du droit international. (...)
Notre méthodologie
Pour chaque thème, nous avons travaillé avec les ONG et les chercheurs spécialisés, qui ont partagé leur méthodologie et/ou leurs données. Nous avons également sollicité les banques par un questionnaire, exploité leurs rapports publics, et nous leur avons soumis les résultats pour confirmation.
- Sur la politique sociale, l’égalité femme-homme, les rémunérations, la méthode d’évaluation a été mise en place avec les associations Fair Finance et Oxfam.
- Sur les bénéfices placés dans des paradis fiscaux, nous remercions la chercheuse Mona Baraké, qui a recensé les bénéfices par pays de chaque banque depuis 2014.
- Sur le contrôle du blanchiment et la lutte contre la corruption, nous avons utilisé les données publiques de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).
- Sur le financement de la déforestation, nous sommes fondés sur les données de l’ONG Forests & Finance.
- Sur le soutien financier aux nouveaux projets fossiles, nous avons analysé les données de l’ONG Reclaim Finance.
- Sur la place des sujets environnementaux et sociaux dans les rapports d’activité, nous avons utilisé l’outil ClimateBug, développé par la plateforme Lumilogic.
- Sur les frais à l’égard des plus fragiles, nous nous sommes appuyés sur les plaquettes et les travaux de l’association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV).
Lire aussi :
– (Greenpeace)
Les banques éthiques sont-elles fiables ?
Par leurs financements et investissements colossaux, les banques ont le pouvoir de favoriser certains secteurs d’activité. De 2016 à 2021, les banques françaises ont en effet injecté 352 milliards de dollars dans les énergies fossiles, se plaçant au rang de premier financeur européen dans ce secteur…et alimentant directement le réchauffement climatique. Face à ce constat, que faire ? Les banques éthiques sont-elles une bonne alternative aux banques conventionnelles ?
Comment les banques détruisent-elles le climat ?
Une empreinte carbone de taille (...)
bilan particulièrement alarmant sur les activités des banques BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole qui, si elles continuent sur leur lancée, nous rapprochent d’une augmentation de 4 à 5 °C d’ici 2100. En 2022, ces trois banques ont notamment accordé, aux côtés de neuf autres établissements, un “chèque en blanc” de huit milliards de dollars à TotalEnergies.
La dépendance alarmante des banques vis-à-vis de l’industrie fossile
Alors que l’exploitation des énergies fossiles – charbon, gaz et pétrole – est la cause principale du réchauffement climatique, les banques françaises et internationales continuent inlassablement de financer ce secteur. (...)
Pourquoi un tel soutien ? L’industrie fossile est tout simplement un client historique des banques, qui leur permet de toucher des commissions astronomiques. (...)
Qu’est-ce qu’on appelle les “banques éthiques” ?
Les banques éthiques : un modèle financier plus vertueux
Selon la charte de la Fédération Européenne des Banques Ethiques et Alternatives, les banques éthiques présentent notamment trois caractéristiques fondamentales :
- Le financement exclusif de projets écologiques, sociaux et culturels. Par exemple la Nef, banque éthique pionnière en France, oriente ses financements principalement vers l’agriculture biologique, les énergies renouvelables ou encore les activités culturelles.
- La transparence des financements : une banque éthique s’engage à vous dire où va votre argent… Depuis 2010, la Nef publie ainsi tous les ans l’intégralité des projets financés avec l’argent des épargnant·es.
- Le management collaboratif : les banques éthiques cherchent, sous différentes formes juridiques, à maximiser la participation des salarié·es et des adhérent·es. Beaucoup, à l’instar du Crédit Coopératif ou de la Nef, choisissent la forme coopérative
Les néo banques sont-elles des banques éthiques ? (...)
Les « néobanques » ne se valent néanmoins pas. Si toutes s’engagent à ne pas financer directement les énergies fossiles, certaines déposent les fonds de leurs clients dans des banques connues pour leur contribution majeure au réchauffement climatique. C’est le cas d’OnlyOne (Société Générale) et Lydia (BNP Paribas).
Ces acteurs étant encore récents, il est difficile de savoir précisément comment est utilisé l’argent déposé dans une « néobanque ». (...)
Banques éthiques ou greenwashing ?
Certaines grandes banques adoptent peu à peu des comportements plus vertueux, comme la Banque Postale qui a décidé d’abandonner le financement des hydrocarbures d’ici 2030. Une décision marquante, puisqu’une grande banque française reconnaît enfin l’urgence climatique et environnementale de délaisser les énergies fossiles.
Malheureusement, si les autres grandes banques font aussi la promotion d’engagements climatiques et environnementaux, elles continuent de financer les majors pétrolières… BNP Paribas s’est révélée experte en matière de greenwashing : plus gros soutien financier européen aux développeurs d’énergies fossiles de l’année 2021, elle n’hésite pas à communiquer abondamment sur ses soi-disant engagements climatiques qu’elle ne tient pas.
Découvrez notre décryptage sur le greenwashing ! (...)