
Le Ministre des Affaires étrangères français vient de décider de suspendre l’accueil en France de personnes évacuées de Gaza. Pourtant, après le risque pointé par l’arrêt de la Cour Internationale de Justice, aujourd’hui, c’est une accusation de génocide qui est portée contre l’État d’Israël par la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits humains en territoire palestinien, et reprise par des historiens des génocides et même des organisations israéliennes. Cette décision est une atteinte grave au droit d’asile qui s’applique à toute personne dont la sécurité et la vie ne sont plus garanties sur son propre territoire, et ses conséquences sont potentiellement meurtrières.
Le motif invoqué, ce sont des posts sur X, au lendemain du 7 octobre 2023 (effacés depuis et dont l’information a été diffusée par un syndicat étudiant d’extrême droite) violemment antisémites, et donc évidemment condamnables, dont est accusée une étudiante palestinienne de Gaza qui vient d’être accueillie, selon la procédure légale, par l’Institut d’Études Politiques de Lille. La décision du ministre constitue donc un châtiment collectif, inadmissible dans son principe, infligé à l’ensemble d’une communauté en danger, sur la base d’une accusation portée contre l’une de ses membres.
Depuis des mois, des collectifs d’enseignant·es, de chercheuses, de chercheurs et d’étudiant·es consacrent leur temps libre et leur énergie à tenter de sauver de la famine, du massacre et des persécutions des étudiant·es de Gaza ou de Cisjordanie exposé·es aux exactions pour permettre leur accueil dans les institutions d’enseignement et de recherche françaises, dans des conditions d’urgence connues de tout le monde. Cette décision brutale, prise sans concertation avec ces collectifs, est donc imposée au mépris total de leur énorme investissement et de leur engagement.
À l’heure où la France s’apprête à reconnaître la Palestine, si le cas d’une étudiante palestinienne sert de prétexte à l’extrême droite pour contraindre le gouvernement français à suspendre toutes les procédures d’accueil, au mépris de l’urgence à Gaza, le signal donné nous semble particulièrement inquiétant. L’asile des chercheurs et étudiants de Gaza ou des territoires actuellement occupés par Israël nous paraît une condition essentielle de la préservation des libertés académiques gravement mises en péril par la destruction délibérée de leurs universités.
C’est pourquoi, dans le temps même où un collectif d’avocats demande à la Cour Pénale Internationale d’enquêter sur les actions de l’exécutif et de 19 députés français pour complicité de génocide, nous demandons au Ministère des Affaires étrangères de mettre fin à une décision inique, qui contrevient aux droits fondamentaux que la Constitution française est supposée garantir.
Pour signer l’appel des Universitaires avec Gaza
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Amnesty International
Pétition Génocide à Gaza : la France doit mettre fin à l’impunité d’Israël