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Travail d’enfants, Ouïghours exploités... Une enquête étrille Decathlon
#Decathlon #enfants #oïghours #exploitation #Disclose #lowcost
Article mis en ligne le 8 février 2025
dernière modification le 6 février 2025

Salaires misérables, travail d’enfants, trafic d’êtres humains et exploitation d’ouvriers ouïghours… Le 4 février, le média d’investigation Disclose a publié une grande enquête sur les coulisses du géant français du sport : Decathlon. Des mois durant, les journalistes ont épluché plusieurs dizaines de documents confidentiels et interrogé d’anciens employés sur la stratégie « low cost » de l’entreprise.

Pour mettre en vente des sacs à dos Quechua à 3 euros, Decathlon impose une pression terrible sur les coûts de production de ses sous-traitants. Elle en compte d’ailleurs 1 264 — contre seulement 9 sites de production « maison » — principalement localisés en Chine, au Vietnam et au Bangladesh. Des pays où plus de la moitié de la population vit dans des bidonvilles. « Les principaux fournisseurs de Decathlon en Asie ont recours à plusieurs formes d’esclavage moderne », détaille Disclose. (...)

 Lire l’enquête de Disclose :
Decathlon : révélations sur un champion de l’exploitation

(...) Documents internes et témoignages inédits

Pendant un an, nous avons plongé dans les secrets de fabrication de la multinationale française. Grâce à l’analyse de plusieurs dizaines de documents internes, des témoignages inédits d’ex-employé·es et la collaboration de chercheur·euses indépendant·es, notre investigation met au jour les graves conséquences humaines et écologiques de la stratégie « low cost » de Decathlon. (...)

Salaires misérables au Bangladesh, travail d’enfants et trafic d’êtres humains en Chine… D’après notre enquête, les principaux fournisseurs de Decathlon en Asie ont recours à plusieurs formes d’esclavage moderne. Ces conditions de production indignes sont la conséquence de la pression sur les coûts imposée par l’enseigne française à ses sous-traitants. Par souci d’économies, toujours, Decathlon compte aussi parmi ses partenaires des usines qui s’approvisionnent en cuir auprès de géants du bœuf, accusés d’être les premiers responsables de la déforestation illégale au Brésil.
Dans les pas de la fast fashion

Alors que l’enseigne investit des millions pour ne pas être cataloguée comme une marque « low cost », ces deux mots s’affichent partout dans des documents transmis à Disclose par une source interne. Les prix bas, ce sont eux qui conduisent Decathlon à faire fabriquer la majeure partie de ses vêtements par des sous-traitants. Decathlon en compte 1 264 dans le monde, pour seulement… neuf sites de production « maison ». Pour s’assurer une rentabilité maximale, l’équipementier recherche en priorité les usines les moins chères. En l’occurrence, celles qui « travaillent pour des marques à bas prix et engagées dans la production de masse », comme le note un document interne, énumérant les critères pour sélectionner un sous-traitant. Une stratégie commerciale agressive qu’on aurait pu croire réservée aux géants chinois de la fast fashion, Shein ou Temu. (...)

Ses principaux fournisseurs sont en Asie : par ordre d’importance, en Chine, au Vietnam et au Bangladesh. Ce dernier est d’ailleurs qualifié de « low cost country » (« pays à bas coût »), dans une feuille de route interne. Confectionner des vêtements dans ce pays — où plus de la moitié de la population vit dans un bidonville — est une « force » pour Decathlon, renseigne le même document. Ici, le groupe travaille avec des fournisseurs présentés comme « ultra low cost », qui emploient des adolescent·es, pouvant être légalement rémunéré·es sous le salaire minimum. (...)

En bout de chaîne, ce sont les ouvriers qui confectionnent les produits, Quechua, Kipsta, Domyos ou Kalenji qui paient le prix du système Decathlon. Disclose a obtenu une nomenclature interne qui détaille le coût de fabrication d’une basket pour enfant très populaire, la Decathlon PW 540. Sur les 8,61 euros de prix de revient au Bangladesh, le salaire des ouvriers et ouvrières représente seulement 2,84 euros. Prix de vente en France : 25 euros. (...)

Retrouvez les épisodes de notre enquête « Decathlon, champion de l’exploitation » :

Decathlon, la fabrique des forçats du textile au Bangladesh (...)