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Propagande et inversion du réel : un avion de guerre pour distribuer des doudous
#guerre #Rafales #propagande
Article mis en ligne le 21 décembre 2025
dernière modification le 19 décembre 2025

Jusqu’où ira la propagande militariste ? Après l’armée dans les écoles, le service militaire volontaire pour les jeunes adultes, le recrutement d’influenceurs sur Youtube… L’avion de guerre qui transporte des doudous d’enfants malades. Cette fois, en terme d’inversion symbolique, on frôle un record.

Jusqu’où ira la propagande militariste ? Après l’armée dans les écoles, le service militaire volontaire pour les jeunes adultes, le recrutement d’influenceurs sur Youtube… L’avion de guerre qui transporte des doudous d’enfants malades. Cette fois, en terme d’inversion symbolique, on frôle un record. (...)

Le 16 décembre, la base de l’armée de l’air de Saint-Dizier, située entre Paris et Strasbourg, diffuse une opération de séduction sur les réseaux sociaux. On y voit le pilote d’un Rafale emmener des peluches d’enfants lors d’un vol, accompagné de cette légende : « Quand les rêves prennent leur envol ! Notre pilote a réalisé un geste plein de douceur : il a récupéré les doudous des enfants malades de l’hôpital de Saint-Dizier… pour les faire voler en Rafale ! » (...)

Un cadeau qui fait rêver : utiliser un engin de mort sophistiqué et coûteux, prévu pour transporter des bombes, pour emmener des doudous… Le pilote s’est ensuite fait photographier à l’hôpital en train de rendre les peluches aux enfants malades, et raconte : « Je leur explique que c’est moi qui fais du bruit au-dessus. Ça leur permet de mettre un visage derrière le masque ». L’idée de cette petite mise en scène était d’organiser un « baptême de l’air » aux peluches. Comme s’il y avait besoin d’un avion militaire pour cela. Et le modèle utilisé a beau être un Rafale réservé aux démonstrations, l’idée reste douteuse.

France 3, en bon laquais de la propagande militariste, s’est empressé de faire un reportage élogieux sur cette initiative, donnant la parole au pilote qui a déclaré : « J’aime mettre des étoiles dans les yeux à ces enfants malades ». Ce que France 3 ne dit pas, c’est que ces avions de guerre sont conçus pour tuer, et non pour faire rêver.

La base aérienne de Saint-Dizier comporte une cinquantaine de Rafales et « participe à la mission de dissuasion nucléaire de la France », selon le site de la commune. Elle fait donc partie de la poignée de sites militaires dans le monde qui menacent la survie de l’humanité entière. Dans cette ville se trouvent des avions supersoniques équipés d’engins pouvant semer le feu nucléaire sur des dizaines de kilomètres. C’est sans doute pour faire oublier cette réalité effroyable qu’il faut montrer que ces avions sont sympathiques et emmènent des doudous colorés dans le ciel.

C’est aussi, peut-être, pour amadouer les riverains, qui se plaignent régulièrement de cette base. (...)

Peut-être qu’aider les enfants, cela pourrait commencer par financer correctement les hôpitaux ? En janvier 2024, le gouvernement français achetait 42 Rafales supplémentaires pour compléter sa flotte, alors que la même semaine, un rapport révélait que près de 2000 enfants dormaient à la rue en plein milieu en l’hiver. Quelques semaines plus tôt, un bébé de 6 mois décédait à Carhaix car l’hôpital le plus proche avait fermé.

Chaque Rafale coûte 120.000.000 (120 millions) d’euros l’unité, plus ou moins, selon les modèles et les options. Mais ce n’est pas tout : dans un contrat d’armement, les surcoûts sont colossaux. (...)

Le Rafale a mené des bombardements en Afghanistan entre 2001 et 2021, au Mali – où un village avait été décimé par une frappe en janvier 2021 – ainsi qu’en Irak et en Syrie. Il est aussi intervenu en Libye en 2011. Chacune de ces missions est ensuite « valorisée » sur le marché international : un bombardement est une vitrine pour montrer que le Rafale marche bien.

L’opération de Saint-Dizier est un nouvel épisode de la propagande de guerre. D’un côté, le Chef d’État major des armées annonce qu’il faudra « accepter de perdre ses enfants » au combat, de l’autre on fait passer un avion de guerre pour un moyen de transport pour peluches enfantines.

En juillet 2023, alors que les braises du conflit des retraites étaient encore mal éteintes, un rapport parlementaire était publié : le rapport Plassard, du nom d’un député du groupe Renaissance. Il contenait la marche à suivre pour augmenter la production d’armes. Un deuxième rapport piloté par le même député paraissait en 2024, et listait les orientations : « soutenir les entreprises du secteur de la défense », « mobiliser l’épargne des français », influencer « chaque citoyen, pour lui faire prendre conscience que le monde a changé, que nos valeurs et nos modes de vie doivent être protégés ». Deux ans après, toutes ces étapes sont déjà appliquées.