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Mediapart
Palestine : en pleine grève générale, Ramallah indifférente à la résolution de l’ONU
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza
Article mis en ligne le 13 juin 2024
dernière modification le 12 juin 2024

La grève générale a été déclarée dans la grande ville de Cisjordanie après la mort de quatre Palestiniens tués par l’armée israélienne. Dans la capitale de facto de l’Autorité palestinienne, personne ne croit à la résolution du Conseil de sécurité exigeant un cessez-le-feu à Gaza.

(...) Les questions « Où ? » et « Combien ? » ont reçu, comme d’habitude, une réponse rapide : village de Kfar Naima, au nord-ouest de Ramallah, quatre morts, plusieurs blessés.

La capitale administrative de facto de l’Autorité palestinienne s’est donc préparée à la grève générale, appelée par le Fatah, parti de feu Yasser Arafat et de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne.

Mardi matin, les administrations, commerces, universités ont gardé portes closes. Les écoles, elles, sont déjà en vacances, à l’occasion de l’Aïd el-Kebir, qui commence en fin de semaine. La cité entière est comme en sommeil, à l’exception des boulangeries et pharmacies, ouvertes. (...)

Une grève contre les raids incessants

Car les deux questions, celle des raids incessants de l’armée israélienne dans les villes et villages palestiniens de Cisjordanie et celle des prisonniers, se joignent dans la grève générale. (...)

« La grève générale est une tradition très importante du mouvement palestinien, car elle exprime à la fois l’unité du peuple palestinien derrière le mot d’ordre de la lutte nationale et le choix de la non-violence. Elle envoie également un message à l’occupant : nous ne céderons pas et nous sommes unis face à vos assassinats, explique Ghassan Khatib, professeur de relations internationales à l’université de Bir Zeit et intellectuel respecté. Dans le cas d’aujourd’hui, la grève générale exprime la solidarité avec le village de Kfar Naima. » (...)

Que s’est-il passé à Kfar Naima lundi soir ? Comme bien souvent, voire toujours, les versions divergent entre les forces israéliennes et les témoins palestiniens.

Selon un communiqué de la police israélienne mentionné par Le Monde, l’incursion militaire avait comme objectif d’« arrêter l’un des terroristes venus commettre une attaque contre des juifs et qui avaient incendié un mobile home à la ferme de Sdé Ephraïm ». (...)

L’extension des colonies s’accélère

Une vidéo tournée de nuit par une caméra thermique et diffusée sur des réseaux sociaux montre un homme, la tête couverte d’une capuche, autour d’un mobile home posé sur le plateau d’un semi-remorque, alors qu’un feu embrase la caravane.

Les mobile homes de ce type sont utilisés par les colons pour étendre le territoire des colonies, illégales au regard de la loi internationale. Ils sont en général installés à quelque distance de la colonie « mère » et permettent au mouvement des colons de s’emparer des terres palestiniennes se trouvant entre les deux endroits. (...)

L’extension des colonies connaît une nette accélération depuis l’arrivée au pouvoir, dans le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, de deux représentants des mouvements de colons les plus radicaux, suprémacistes juifs et religieux, Bezalel Smotrich, aujourd’hui ministre des finances, et Itamar Ben Gvir, détenteur du portefeuille de la sécurité nationale. (...)

« Ce qui s’est passé à Kfar Naima n’a rien d’exceptionnel, commente Ghassan Khatib. Selon les Israéliens eux-mêmes, plus de 500 Palestiniens ont été tués ainsi depuis octobre. Hier, c’étaient quatre à Kfar Naima. La semaine derrière trois, dans le camp de réfugiés de Balata, à Naplouse, la semaine d’avant cinq, dans celui de Jénine, etc. Il y a une nette augmentation de la brutalité israélienne. »

Une résolution de l’ONU reçue sans espoir (...)

Bien évidemment saluée par les chancelleries à travers le monde, elle est portée à bout de bras par le secrétaire d’État américain Antony Blinken, en tournée pour la huitième fois au Proche-Orient depuis le 7 octobre. (...)

Seulement, cet optimisme semble relever davantage de la méthode Coué que de l’analyse réaliste.

Dès lundi, la représentante d’Israël aux Nations unies, Reut Shapir Ben-Naftaly, rappelait la position de son gouvernement : « la guerre s’arrêtera » quand les « objectifs » israéliens « seront remplis ». Ceux-ci, libération de tous les otages et destruction du Hamas, semblent peu compatibles avec le plan par étapes présenté par Joe Biden. (...)

L’histoire d’Israël et de la Palestine est pleine de résolutions onusiennes contraignantes restées lettres mortes.