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France24
Ouragans aux États-Unis : comment les néonazis du Patriot Front veulent profiter de la désolation
#ouragans #USA #neonazis
Article mis en ligne le 13 octobre 2024
dernière modification le 12 octobre 2024

Des vidéos circulent sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours montrant des néonazis du groupe Patriot Front qui viennent au secours des victimes du passage de l’ouragan Hélène. Une opération de communication pour un groupuscule qui veut s’inscrire dans la tradition historique des fascistes alliant haine de l’autre à travail “social”.

"On essaie de ramener un peu de normalité dans la vie des communautés affectées". N’importe quel volontaire arrivé en Caroline du Nord ou en Floride pour aider les victimes des ouragans Hélène et Milton pourrait dire de même. Mais l’homme qui prononce cette phrase face à une caméra dans une vidéo postée sur Telegram le 6 octobre et relayée sur la plupart des réseaux sociaux n’est pas n’importe qui.

D’abord parce qu’il cache son visage sous une sorte de cagoule. Ensuite, car son discours prend rapidement un ton beaucoup plus politique… et très à l’extrême droite. En commençant par une référence sortie de nulle part à Israël : "pendant que nos politiques discutent d’Israël, nous sommes au plus près des Américains". Puis il lâche son idée maîtresse : "ce que nous faisons ici, en Caroline du Nord, c’est faire passer l’Amérique en premier".

Cette référence au "America First" semble tout droit sortie de la boîte à slogans de Donald Trump et ses partisans. Sauf que l’homme à la cagoule est encore plus à droite que le candidat républicain et qu’il appartient à l’un des groupes néonazis les plus virulents aux États-Unis : le Patriot Front.

Des néonazis "humanitaires" ? (...)

C’est un "groupe influent sur la scène néonazie nord-américaine mais relativement récent", explique Matthew Feldman, spécialiste des mouvements fascistes et néonazis, et chercheur associé à l’université de Liverpool Hope. Il s’est formé en 2017 à la suite d’une scission au sein du mouvement suprémaciste et ultra-violent Vanguard America, qui, lui, a disparu peu après. (...)

La création du Patriot Front n’est pas due à une divergence de fond ou idéologique avec Vanguard America. "Le Patriot Front est tout aussi clairement fasciste, et son logo emprunte à celui du Parti national fasciste italien de Benito Mussolini", souligne Matthew Feldman. C’est aussi un groupe ancré dans une culture de violence qui "est lié au réseau nord-américain de cellules néonazies de l’Active Club Network", précise Joshua-Fisher Birch, analyste nord-américain au Counter Extremism Project (CEP), une organisation internationale de lutte contre les mouvements extrémistes. L’Active Club Network est une nébuleuse de groupuscules suprémacistes organisés dans plus de 30 États nord-américains pour être prêts à se battre contre la menace perçue "du génocide blanc".

Mais Vanguard America "était plus ouvertement et ostensiblement fasciste", assure Matthew Feldman. Le Patriot Front avance de manière plus masquée. (...)

Les passages dévastateurs des ouragans Hélène et Milton ont créé un "terrain très fertile à cet activisme du Patriot Front", assure Paul Reilly, spécialiste de la communication des groupes d’extrême droite à l’université de Glasgow. Les victimes, apeurées et désœuvrées, peuvent être plus reconnaissantes envers toute aide… d’où qu’elle vienne, assurent les experts interrogés par France 24.

Dans le sillage de la désinformation "Made in Trump"

Ce groupuscule - dont on ne connaît pas le nombre exact de membres, mais qui a des comptes Telegram suivis par plus de 15 000 internautes - avait déjà mis en scène son action "humanitaire" auprès de victimes de catastrophes naturelles après le passage d’une tornade dans l’Oklahoma en mai 2024.

La désinformation et les théories du complot propagées par le camp de Donald Trump après le passage des ouragans Hélène et Milton "ont parfaitement préparé le terrain à l’opération de communication du Patriot Front, même si ce n’était pas forcément concerté", estime Paul Reilly. (...)