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club de Médiapart/Juives et Juifs Révolutionnaires, Collectif antiraciste
Nuances et discernement
#Israel #Hamas #Palestine #Gaza #Cisjordanie #antisemitisme
Article mis en ligne le 11 novembre 2023
dernière modification le 10 novembre 2023

La solitude ressentie depuis le 7 octobre est présente tant dans les rapports personnels que dans les rapports collectifs, dans les groupes politiques, en regardant les informations, sur la toile… Les Juif·ves ne savent plus où aller. Nous aimerions appeler de façon urgente nos allié·es politiques au discernement et au recul nécessaire pour ne pas jeter plus d’huile sur le feu qu’actuellement. (...)

Nous sommes atterré·es par le nombre d’actes antisémites qui montent en flèche.

Nous sommes mis·es en danger par l’extrême droite, qui prétend défendre les Juif·ves de France. Croire que cela puisse être le cas serait faire insulte à la mémoire de nos ancêtres. Il ne s’agit que d’une basse manœuvre politique pour mieux avancer leur racisme et leur islamophobie. Nous invitons les membres de la communauté juive à ne pas croire ces stratégies opportunistes et à s’en dissocier. Pour ce faire, les Juif·ves doivent pouvoir trouver un terrain politique respirable à gauche ce qui n’est actuellement plus le cas et nous le regrettons.

Nous sommes atterré·es par le nombre d’actes antisémites qui montent en flèche, le fait que d’un côté de la balance politique la critique de ces actes soit instrumentalisée, récupérée à de seules fins racistes, et que de l’autre, la nature antisémite de ces actes en eux-mêmes soit remise en question par des rhétoriques tout aussi choquantes. Remettre en question la véracité des informations et des appels à l’aide de la communauté juive lorsque l’on parle d’actes antisémites est un biais lui-même antisémite, ce genre de discours est diffusé de façon démesurée sur les réseaux sociaux.

Le refus d’exprimer de la solidarité envers les souffrances et les peurs de la minorité nationale juive aujourd’hui est insupportable.

Nous invitons nos allié·es à ne pas prendre des exemples « de bon·nes Juif·ves » tels que les Neturei Karta pour justifier que notre peuple n’est pas génocidaire. Ce groupe juif ultra-orthodoxe marginal estime l’État d’Israël illégitime pour des raisons religieuses et non politiques, c’est-à-dire tant que le Messie n’est pas arrivé. Les NK ont participé à une conférence négationniste sur la Shoah organisé par Mahmoud Ahmadinejad en Iran en 2006 et sont régulièrement les cautions toutes trouvées des antisémites comme Louis Farrakhan, Dieudonné ou encore Kémi Seba. Leur apparence vestimentaire orthodoxe correspond à l’image que les non-Juif·ves se font des Juif·ves et vient conforter leur imaginaire. Les « vrai·es » et « bon·nes » Juif·ves seraient « anti-Israël ». Pour rappel ce courant orthodoxe est également sexiste, homophobe, réactionnaire et est de loin l’ennemi de tous les progressistes.

Les notions de sionisme et d’antisionisme peuvent être clairement énoncées mais ne doivent en aucun cas conduire à une négation de l’aspect antisémite à l’œuvre dans la politique du Hamas. On peut s’opposer au sionisme sans pour autant penser qu’il est juste d’y associer et rendre responsable les Juif·ves, y compris celleux qui se revendiquent sionistes, de l’ensemble des agissements du gouvernement israélien.

Nous apprenons qu’en Tunisie à l’heure actuelle se vote un projet de loi prévoyant que tout Tunisien qui communique ou coopère, directement ou indirectement, régulièrement ou occasionnellement, avec une personne physique ou morale israélienne risquerait six à douze ans de prison si la loi est adoptée. La récidive est punie de la prison à vie. La communauté juive tunisienne encore présente sur ce territoire, la plus nombreuse du monde Arabe, s’y retrouve traquée et marginalisée.

Votre antiracisme vous engage et la lutte n’en sera que plus conséquente. (...)

Ne pas aller dans le sens d’une fracture entre les Juif·ves et les autres minorités victimes de racisme en France est une nécessité absolue. Cette fracture que l’extrême droite souhaite profondément, nous devons tout faire pour l’éviter et les voix de gauche sont indispensables à nos côtés.

L’association du terme de « nazisme », qui convoque inévitablement le signifiant « juif », aux exactions actuellement perpétrées par le gouvernement israélien, contribue à cet antisémitisme. De manière insidieuse, peu consciente, il associe l’ensemble des juifs et des juives à la guerre en cours et ne fait que susciter une haine supplémentaire contre elleux. (...)

Nous invitons nos allié·es, s’illes le sont encore, à se placer de façon beaucoup plus prononcée aux côtés des Juif·ves de France, en relayant nos positions, en apportant un soutien clair aux Juif·ves de France. Votre antiracisme vous engage et la lutte n’en sera que plus conséquente. La nuance, le discernement et le soutien apportés en la période à la lutte contre l’antisémitisme doivent aller de paire avec le fait de s’engager pour un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages et la perspective émancipatrice d’une paix juste et durable en Israël et en Palestine.

L’Histoire nous regarde.