
Dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, plusieurs écrivains dont trois prix Nobel demandent la reprise du programme d’évacuation des écrivains, artistes et intellectuels gazaouis en France, suspendu arbitrairement en août, alors que ses lauréats restent coincés sous les bombes à Gaza.
« Pourquoi le programme Pause est-il en pause ? » La question est adressée à Emmanuel Macron par une vingtaine d’écrivains, parmi lesquels Alain Damasio, Mathias Énard, Didier Eribon, Karim Kattan, Rashid Khalidi, Naomi Klein, Édouard Louis, Leïla Slimani, et les prix Nobel Annie Ernaux, Abdulrazak Gurnah et J.M.G. Le Clézio.
Dans une lettre adressée le 12 septembre, ceux-ci demandent au gouvernement français de lever la suspension, décrétée en août, de ce programme national d’accueil en urgence de scientifiques et artistes en exil, devenu, depuis 2023, l’une des voies de sauvetage pour des Gazaouis en perpétuel danger de mort.
Suspendre le programme c’est être complice de génocide (...)
La décision était tombée en août comme un couperet, aussi froide, inique et arbitraire que la situation à Gaza est urgente. Le Ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, annonçait au micro de France Inter la suspension du programme Pause suite à la découverte de captures d’écran de publications antisémites attribuées à une étudiante gazaouie accueillie dans ce contexte. Celles-ci avaient été amplement relayées et instrumentalisées par les médias d’extrême-droite, dont Le JDD. Leur autrice a depuis été expulsée au Qatar.
Soit un châtiment administré à l’aveugle par un pur principe d’association de culpabilité. Et peu importe l’urgence, sur place, face à un génocide reconnu comme tel, ce mardi 16 septembre, par une commission d’enquête de l’ONU.
« Suspendre ces évacuations en raison d’un seul cas de propos racistes sur les réseaux sociaux constitue une forme de punition collective, au moment où tous les signataires de la Convention sur le génocide devraient tout faire pour sauver les Palestiniens de l’anéantissement et refuser toute complicité avec des crimes contre l’humanité, » poursuit la lettre.
« Ce ne sont plus des appels à l’aide, mais des testaments et des adieux » (...)
Après le 7 Octobre 2023, une trentaine d’écrivains, artistes, étudiants et chercheurs palestiniens ont pu bénéficier de visas talent et d’un soutien institutionnel pour continuer leur vie en France.
Mais dès le mois de mai dernier, 350 universitaires alertaient, dans une tribune publiée par Le Monde, sur les blocages dans la délivrance des visas, liés notamment à la baisse drastique des financements liés au programme et à la non-reconduction d’un fonds européen de 4 millions d’euros.
Douze lauréats étaient alors déjà condamnés à l’immobilité dans le contexte de danger et de désespoir qu’est Gaza. Le 13 mai, l’architecte Ahmed Shamia était tué par les bombes israéliennes.
Le collectif Ma’an, qui coordonne la prise en charge des dossiers palestiniens pour le programme Pause, décrit les messages envoyés par ces lauréats : « Ce ne sont plus des appels à l’aide, mais des testaments et des adieux. L’un d’eux écrivait au groupe : « Je vous écris peut-être mes derniers mots. Nous mourons de faim et nous perdons tout autour de nous. » »
Quatre mois plus tard, la situation est d’autant plus édifiante que la reprise des évacuations ne dépend que du bon vouloir du gouvernement. (...)
Amnesty International
Pétition Génocide à Gaza : la France doit mettre fin à l’impunité d’Israël