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France24
Israël confronté à une émigration inédite : "Nous avons perdu l’espoir de changer notre pays"
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #genocide #emigration
Article mis en ligne le 20 août 2025

Depuis l’attaque du 7-Octobre et le déclenchement de la guerre à Gaza, Israël fait face à une émigration accrue. Parmi celles et ceux qui choisissent l’exil, des militants de gauche, las de la guerre, inquiets de la dérive illibérale de leur pays. Ils se sont confiés à France 24.

"Nous avons abandonné. Nous avons perdu l’espoir de transformer ce gouvernement en quelque chose qui peut engendrer la paix". Se battre pour la paix au Moyen-Orient. Voilà ce qui a longtemps poussé Mordechaï, 42 ans, militant de gauche, à rester en Israël.

Puis est venu le 7 octobre 2023. "Ma responsabilité envers la région s’est transformée en responsabilité envers mes enfants : je ne veux pas que leurs têtes soient remplies des images de souffrances qui hantent la mienne", explique-t-il.

La Grèce - où Mordechaï vit désormais avec son épouse et ses deux fils, 9 et 10 ans - est l’une des premières destinations des Israéliens candidats au départ. Dix mille d’entre eux y ont élu domicile.
Le tabou de l’émigration israélienne

En tout, 82 700 israéliens ont quitté leur pays en 2024. Selon les sources officielles, relayées par le site IsraelValley, ce chiffre dépasse le nombre d’entrées, 56 000. "Un phénomène à l’ampleur inédite", commente Frédérique Schillo, historienne, spécialiste d’Israël, co-autrice de "Sous tes pierres, Jérusalem. Quand l’archéologie fait l’histoire" paru en juin (Édition Plon).

"Longtemps, le départ des Israéliens n’a pas été étudié, les autorités rechignaient à en parler. Qu’Israël, refuge supposé des Juifs du monde entier, laisse partir ses enfants était une idée absolument taboue", rappelle l’historienne, installée à Jérusalem. "En 1976, lors d’une conférence de presse, le Premier ministre Yitzhak Rabin avait raillé les Israéliens quittant le pays, les traitant de poules mouillées." Aujourd’hui, "ce phénomène devient une tendance profonde", poursuit-elle.

Si elle a été aggravée par le contexte post-7-Octobre, pour nombre d’entre eux, l’aspiration au départ est née plusieurs années avant, souligne Frédérique Schillo. L’historienne lie le phénomène au développement d’une politique dite "illibérale" par Benjamin Netanyahu.

"Je ne me sentais plus en sécurité" en Israël (...)

Aujourd’hui, "nous sommes désormais une trop petite minorité pour changer les choses en Israël", témoigne Noga, militante pacifiste israélienne, notamment au sein de l’ONG B’Tselem. Elle a quitté Israël en septembre 2024.

Selon ses mots, elle a "perdu espoir" face aux souffrances palestiniennes. "Dans mon entourage, personne ne ressentait de douleur au sujet des bombardements à Gaza. Et quand je l’évoquais, on trouvait un moyen de les justifier. Comment peut-on voir une telle tragédie se produire sous vos yeux, et l’ignorer ? Je ne pouvais plus le supporter". (...)

"Israël est en passe de devenir un État paria sur la scène internationale, et les Israéliens sont montrés du doigt", observe Frédérique Schillo.

L’Italie a vu les violences anti-juives se multiplier à partir du 8 octobre 2023. L’année a ainsi représenté un record du nombre d’incidents antisémites jamais constatés dans le pays.
Le "tsunami antisémite"

Un constat similaire a été établi dans de nombreux pays occidentaux. "Un tsunami antisémite balaie la planète", estime Frédérique Schillo. "Les Israéliens, même s’ils ont choisi de s’éloigner, demeurent perçus comme des Israéliens, des Juifs. Ils sont pris entre deux feux."

Parfois politique, le choix du départ est aussi un "luxe", rappelle l’historienne : ne partent que les Israéliens d’un certain niveau socio-économique, ou ayant une origine leur facilitant l’octroi d’un passeport étranger.

Dans une société bâtie sur une migration récente, mettre les voiles a mauvaise presse. En hébreu, l’installation en "Terre promise" se dit "aliyah", synonyme "d’ascension". L’opération inverse, "yerida", signifie "descente". Ainsi en Israël, "il existe cette idée comme quoi partir, c’est chuter", analyse Frédérique Schillo, depuis Jérusalem. (...)

"Être israélien est perçu comme un acte violent"

"Quand les gens me demandent ’D’où venez-vous ?’, répondre Israël est en soi considéré comme un acte de violence", regrette Mordechaï. "Si on me lance ‘Vous êtes israélien ? ‘Free Palestine !’, je réponds que je suis d’accord. Israël est le pays où je suis né. Mais qu’y puis-je ?", s’interroge-t-il.

Un sentiment d’isolement qui le suit jusque dans les milieux militants qu’il fréquente. (...)


Amnesty International
Pétition Génocide à Gaza : la France doit mettre fin à l’impunité d’Israël 

Pétitions citoyennes ➡️ Assemblée Nationale : Demande de sanctions à l’encontre de l’État d’Israël et de ses dirigeants en raison de violations graves du droit international

Pétitions citoyennes ➡️ Assemblée Nationale : GAZA A FAIM : Pour un accès immédiat, sans conditions, à l’aide humanitaire !