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Méditerranée : une vidéo montre des garde-côtes libyens frapper des migrants lors d’une interception en pleine mer
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Article mis en ligne le 21 juin 2024
dernière modification le 20 juin 2024

L’ONG allemande Sea-Watch a diffusé mercredi une vidéo montrant des garde-côtes libyens, munis de bâtons, frapper des migrants qui venaient d’être secourus par un navire marchand. Sous la menace, les exilés ont été forcés de descendre du pétrolier et ramenés en Libye où ils risquent de multiples abus. Sea-Watch dénonce, une nouvelle fois, le comportement des Libyens et "la complicité" de l’Europe dans "les violations des droits de l’Homme en Méditerranée".

Les humanitaires ont publié sur leurs réseaux sociaux mercredi 19 juin une vidéo montrant des hommes frapper violemment des personnes subsahariennes à bord d’un navire commercial. Les bourreaux sont des garde-côtes libyens, selon Sea-Watch, et les victimes des migrants.
"Je ne peux pas refuser car sinon ils vont m’arrêter"

La scène s’est déroulée la veille, mardi, en Méditerranée centrale. Une soixantaine d’exilés, à bord d’une embarcation qui coule, sont secourus dans les eaux internationales par le bateau Maridive Zohr 1, un pétrolier battant pavillon du Panama.

Les garde-côtes libyens, responsables de la zone, interviennent peu de temps après pour prendre en charge les migrants. Ils montent à bord du Maridive Zohr 1, "menacent l’équipage" et, munis de bâtons, "forcent les naufragés à monter" sur leur patrouilleur, relate Sea-Watch. (...)

L’ONG tente d’interrompre ce "refoulement brutal" en contactant l’équipe du pétrolier par radio. La discussion a été enregistrée et diffusée dans la vidéo :

 "Si vous remettez ces personnes aux garde-côtes libyens, elles risquent la détention, la torture ou la mort", prévient un membre du Sea Bird.

 "Je ne peux pas refuser car sinon ils vont m’arrêter moi et mon équipage", répond le capitaine du Maridive Zohr 1.

 "En transmettant [ces migrants] aux garde-côtes libyens, vous commettez un crime", insiste l’ONG.

 "Désolé, je n’ai pas les mains libres", dit le capitaine.

La soixantaine d’exilés sont ainsi renvoyés en Libye, où ils sont exposés à des violences, des tortures, du travail forcé, des viols ou encore des extorsions.

Abus sur les migrants en Libye (...)

haque jour, on te torture : on te frappe avec des tuyaux ou on te met des décharges électriques sur le corps. Plusieurs personnes ont été battues à mort sous mes yeux", racontait Ibrahim, un migrant sénégalais en Libye, en 2020. "La nuit, des hommes venaient chercher des femmes et les forçaient à les suivre en pointant une arme sur leur visage. Elles étaient violées un peu plus loin. Toutes les femmes qui sont passées par la Libye ont été violées au moins une fois", témoignait également Christian, un Camerounais de 37 ans passé par la Libye.

En décembre 2023, Médecins sans frontières (MSF) a publié un rapport au vitriol concernant les prisons d’Abu Salim et d’Ain Zara, où l’ONG prodiguait des soins aux migrants. Viols, tortures, passages à tabac, asservissement, détournements de médicaments et de soins... MSF a listé sur 12 pages, les sévices subis par les migrants, hommes, femmes et enfants, de ces deux structures. " (...)

"L’Italie et l’Europe se rendent complices des violations des droits de l’Homme"

Les Libyens sont aussi pointés du doigt pour leurs actions en mer. À plusieurs reprises, des navires de sauvetage ont été victimes d’intimidation de la part des garde-côtes, qui n’hésitent pas à faire usage de leurs armes.

Début avril, des Libyens ont ouvert le feu en direction de l’un des canots de sauvetage du bateau humanitaire Mare Jonio. L’équipage était en train de secourir une embarcation de migrants lorsque les Libyens sont intervenus, provoquant un mouvement de panique. (...)

Depuis la signature d’un accord entre Rome, avec le soutien de l’Union européenne, et Tripoli en 2017 - qui laisse la responsabilité de la zone de sauvetage et de recherche (SAR zone) aux Libyens et qui prévoit une formation des garde-côtes ainsi que la fourniture de matériel - les ONG et les instances internationales répètent inlassablement que le pays ne peut être considéré comme sûr en raison des abus commis contre les exilés sur terre et sur mer.

"En finançant la violence des milices libyennes, l’Italie et l’Europe se rendent complices des violations des droits de l’Homme en Méditerranée", a tancé mercredi Sea-Watch. Ces refoulements "sont illégaux en vertu du droit international et national italien", rappelle l’ONG.