
... Il faut se rappeler qu’il n’y a encore pas si longtemps, les marchés étaient encore complètement sauvages : le plus fort arrivait avec un bateau, un missionnaire et un flingos, ne négociait rien et prenait tout. Mais c’est aussi pour ça qu’on les aime, pour ce petit goût de nature vierge et de main invisible (du marché) prête à dégainer.
Ni pitié, ni place pour les faibles, c’est la dure loi de la jungle...
... Si vous n’aimez pas les bêtes sauvages, il ne faut pas les prendre comme animaux de compagnie, ni leur confier vos économies, aussi ! C’est bien les gens des villes, ça ! Ils adoptent des fauves et ils s’étonnent qu’il y ait des accidents. Ou alors il faut les tenir en laisse mais un marché régulé, vous en conviendrez, c’est comme un lion en cage : c’est un peu triste.
Un marché, c’est fait pour gambader, surévaluer des pans entiers de l’économie, gagner plus d’argent en spéculant qu’en vendant des produits ou des services, faire gonfler de jolies bulles qui s’envolent dans le ciel puis éclatent avec vos économies....
... Heureusement, nos gouvernants ne s’y sont pas trompés. Tels de véritables Nicolas Hulot de la finance, ils ont laissé leur farouche liberté à nos grands marchés : ni taxe, ni réglementation, autorisation tacite de marcher sur la tête et de bouffer du pauvre. Comme dans une réserve africaine sauf que là, c’est l’argent qui est sauvage.
Alors bien sûr, de temps en temps, un pâtre (grec) se fait dévorer son troupeau. Dans ces cas-là, on lui prête de l’argent et il peut tout recommencer sa vie à zéro tranquillement. ...
...Un marché ça doit rester comme un ours dans les Pyrénées ou un loup dans les Alpes : sauvage, libre et indomptable dans le soleil couchant, quitte à ce que quelques moutons y passent.
Et tant pis si les moutons, c’est nous....