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Les intimidations de librairies, des “atteintes graves à la liberté d’expression”
#libraires #extremedroite #libertedexpression
Article mis en ligne le 31 décembre 2025
dernière modification le 29 décembre 2025

L’année 2025 a été marquée par des intimidations dirigées contre les librairies, dans plusieurs villes françaises, en raison de la présence d’ouvrages consacrés à la Palestine en vitrine ou de l’organisation d’événements évoquant les actions de l’État d’Israël à Gaza.

La liste est longue : la librairie Les Jours heureux (Rosny-sous-Bois), visée pour la présence d’un photographe sur les refuzniks israélien·ne·s ; Violette and Co (Paris) pour un livre de coloriage sur la Palestine ; Petite Égypte (Paris) pour la venue d’une rapporteuse spéciale de l’ONU ; La Libre Pensée (Paris) pour l’accueil d’une partie d’un colloque sur la Palestine initialement annulé par le Collège de France.

Le recensement des établissements attaqués s’allonge mois après mois. Régulièrement, vitrines et locaux sont « souillés, tagués ou brisés », pour des prises de position antifascistes et anti-extrême droite, ou encore en faveur des droits LGBTQIA+, comme à Marseille (Petit Pantagruel), Périgueux (Les Bullivores), Nantes (Les Vagues) ou Paris (La Brèche, La Tête ailleurs, Rerenga).

En ce mois de décembre, l’extrême droite a encore frappé à Marseille, où les librairies Transit et Les sauvages ont été marquées par des croix celtiques, symbole récupéré par les idéologies racialistes et fascistes.

Enfin, cette attaque directe contre les librairies peut aussi prendre une forme plus institutionnelle : à Paris, le groupe Changer Paris/Les Républicains a ainsi réussi à bloquer le vote d’une enveloppe de subventions destinée à 40 librairies de la capitale, au motif que l’enseigne Violette & Co en faisait partie. Accusé d’antisémitisme pour la présence d’un livre de coloriages sur la Palestine dans sa vitrine, l’établissement a servi de prétexte pour condamner une profession trop engagée.

Heureusement, un nouveau vote, il y a quelques jours, a validé cette aide à l’investissement très utile aux commerces de livres.

Quelqu’un au ministère ?

Ce contexte particulièrement hostile à l’engagement des librairies inquiète une partie du milieu du livre, conscient d’assister à un basculement en matière de violence, en particulier de la part de l’extrême droite. « Ces manifestations de violence sont inacceptables. Elles n’ont d’autres buts que de provoquer de la peur et d’induire une forme d’autocensure », soulignaient ainsi les signataires d’une tribune parue en octobre dernier dans Le Monde.

Association des bibliothécaires de France, Syndicat de la librairie française, Société des Gens de Lettres, Syndicat national de l’édition et Conseil permanent des écrivains s’associaient alors pour déplorer que les librairies deviennent « les réceptacles de tous les débordements idéologiques ».

Du côté du ministère de la Culture, le silence radio a été assourdissant, puisque Rachida Dati n’a pas témoigné le moindre soutien pour l’un des commerces visés. (...)