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Club de Mediapart/ Aurélien VW Professeur d’histoire-géographie.
Le « pogrom » d’Amsterdam : retour sur l’interprétation des faits
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #Amsterdam
Article mis en ligne le 10 novembre 2024

Au moment où l’on commémore le 86e anniversaire de la Nuit de Cristal (9-10 novembre 1938), une mise au point nécessaire sur l’interprétation des événements survenus avant et après le match Ajax Amsterdam-Maccabi Tel Aviv.

Dans la nuit du 7 au 8 novembre, de nombreux supporters israéliens du Maccabi de Tel Aviv ont été agressés physiquement dans les rues d’Amsterdam. Certains des auteurs de ces actes motivés par le contexte géopolitique devront en répondre devant la justice. Comment pourrait-on cautionner le fait de s’en prendre à des personnes en raison de leur appartenance nationale ?

Mais qualifier ces agissements de "pogrom" (comme a pu le faire Isaac Herzog, le président israélien, dont les propos sur l’absence supposée de civils innocents à Gaza sont bien connus et cités dans la requête sud-africaine accusant Israël de génocide devant la Cour internationale de justice [1] ; mais aussi Laurent Wauquiez, président du groupe parlementaire de La Droite républicaine) ou de "lynchage de juifs" (comme a pu le faire le président de l’UEJF), ou encore de "chasse aux juifs" (comme a pu le faire Benjamin Haddad, ministre chargé de l’Europe ; mais aussi Geert Wilders, le chef du Parti pour la liberté, le principal parti d’extrême-droite néerlandais), relève d’une manipulation grossière des faits.

Celle-ci a été entretenue par les dirigeants, représentants et propagandistes de l’Etat d’Israël, ainsi que par ses soutiens inconditionnels en Europe (au premier rang desquels on trouve des politiciens français de droite et d’extrême droite, ainsi que de nombreux responsables politiques en France, en Allemagne et aux Pays-Bas). C’est aussi une insulte à la mémoire des victimes des pogroms − réels − qui se sont multipliés en Europe centrale et orientale entre la fin du XIXe s. et les années 1940. Le roi des Pays-Bas est allé jusqu’à comparer la situation de la communauté juive dans son pays occupé par les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale avec celle des supporters du Maccabi pourchassés et molestés par des "Arabes", un terme souvent utilisé dans les témoignages [2].

Les descendants des victimes du judéocide nazi apprécieront cette analogie pour le moins honteuse. (...)

On sait à quoi sert l’amalgame intentionnel entre les Israéliens et les Juifs : polir l’image internationale d’un Etat occupant et génocidaire, lequel a battu tous les records, durant le premier quart du XXIe s., en termes de meurtres d’enfants, de journalistes et de professionnels de santé. Les supporters attaqués et molestés après le match ont été surpris avant la rencontre en train d’arracher un drapeau palestinien sur la façade d’un immeuble aux cris de "Fuck you Palestine !" et d’entonner des chants en soutien à leur armée qui s’applique à raser Gaza et à massacrer et mutiler chaque jour des dizaines − au minimum − d’hommes désarmés, d’enfants et de femmes ("Laissons Tsahal gagner pour finir les Arabes" ; "Il n’y a pas d’écoles à Gaza parce qu’il n’y a plus d’enfants") [5]. La chasse à l’homme dont ils ont fait l’objet par la suite suffirait donc à blanchir de telles apologies de crimes contre l’humanité (celles-ci ne font que s’ajouter à la très longue liste d’appels à commettre des actes génocidaires contre un peuple occupé et déshumanisé par Israël depuis des décennies, des appels qui se matérialisent sur le terrain depuis 13 mois) ? À la différence des "émeutiers" anti-israéliens arrêtés par la police néerlandaise, ils ne seront jamais traduits en justice.

Lire aussi et voir la video (7’23) :

 (Contre-Attaque)
Un reporter de 14 ans met en PLS tous les médias dominants

Cela pourrait être amusant si ça n’était pas dramatique. Un jeune reporter de 14 ans, du média en ligne hollandais Bender, a offert une leçon de journalisme à tous les médias d’occident. Le jeune homme a courageusement suivi les hooligans du Maccabi Tel Aviv lors de leur déplacement dans sa ville, à Amsterdam. Il a donc filmé les fameuses victimes innocentes de l’atroce pogrom antisémite dont tout le monde parle.

Ses images sont édifiantes : le groupe de hooligans, déjà connu pour avoir commis des agressions racistes par le passé, se déplace de façon coordonnée et armée, récupère des barres de métal et des bâtons dans les rues, il tire des explosifs à Amsterdam et charge violemment dans le but d’en découdre. Sur les images, cette milice israélienne ultra-violente n’est quasiment pas inquiétée par la police. On découvre que le groupe a même dépavé les rues pour caillasser la police, les taxis et un immeuble affichant des drapeaux palestiniens, sans réaction des autorités. (...)

S’il devait y avoir un scandale médiatique, il aurait du porter sur cette descente dans les rues des Pays-Bas, venue d’un État colonial en train de commettre un génocide. Et pas sur la réaction d’habitants qui ont riposté. Mais par un fantastique retournement du réel, ce sont les agresseurs, armés, formés au combat et ouvertement racistes, dont plusieurs sont membres de Tsahal ou du Mossad, qui sont présentés depuis 2 jours comme des victimes absolues. (...)

 Des nouvelles rassurantes des victimes du “pogrom d’Amsterdam” (video 0’29)

(...) Ces images pourront rassurer les journalistes : les victimes « traumatisées » de l’attaque insoutenable sont bien rentrées en Israël. Une caméra les a même filmée à l’aéroport de Tel Aviv, où ils ont scandé en rigolant : « Tsahal va baiser les Arabes » ou encore « Pourquoi l’école est-elle fermée à Gaza ? Parce qu’il ne reste plus d’enfants là-bas ».

Les fascistes génocidaires se portent bien, BFM, LCI, France Info et tous les autres peuvent souffler.